Ce qui menace l’UE

À quelques mois des élections européennes, seuls les partis anti-européens font entendre leurs voix.
La
crise globale actuelle alimente leur rhétorique anti-européenne,
faisant peser le risque qu'à nouveau l'Union soit le bouc emissaire
malheureux de la crise socio-économique mondiale.
Comment expliquer le relatif silence des partis pro-européens à ce stade ?
Le très bon résultat de l'extrême droite en Autriche préfigure-t-il un recul de la construction européenne?

Madame la Députée européenne Nicole Fontaine, ancienne Présidente du Parlement européen et ancienne Ministre nous répond:

La poussée de l’extrême-droite qui
revient en force en Autriche, après une première vague en 2000, appelle
d’autant plus de vigilance qu’elle n’est pas isolée. La contagion s’est
déjà étendue à d’autres pays européens, tels que les Pays-Bas, ou à
certains autres parmi les nouveaux entrants de l’Europe de l’Est.


Cependant,
ce qui menace la construction européenne, ce n’est pas vraiment
l’extrême droite par elle-même, car elle reste contenue par le rejet
très puissant que continue de susciter partout, son idéologie à
caractère raciste ou xénophobe.


Le
vrai danger, qu’on observe partout en Europe depuis quelques années,
c’est la montée d’un comportement plus large dont l’extrême-droite
n’est en fait que la manifestation exacerbée ou répugnante. Ce danger,
c’est celui du retour du nationalisme sous toutes ses formes, qui
conduit les pays européens, par étapes insensibles, du chacun pour soi
au repli sur ses seuls intérêts nationaux, et finalement au rejet
xénophobe de l’autre, c’est-à-dire à la dilution de ce pourquoi
l’Europe unie s’est façonnée.
Le rejet par l’Irlande du traité de
Lisbonne en a été une illustration, dans la mesure où la prise en
compte du grand dessein européen a cédé le pas à des considérations,
frustrations, ou revendications excessivement nationalistes.
En
revanche, la manière dont l’Europe, sous l’impulsion de la présidence
française, vient de faire corps pour définir une réponse commune à la
crise financière de ces dernières semaines, est encourageante. Elle
aura, j’en suis convaincue, un effet salutaire pour la prise de
conscience des peuples européens et de leurs dirigeants, quant à la
primauté de l’union sur l’individualisme national et tout ce qu’il peut
drainer de plus détestable.

L'Atelier Europe remercie chaleureusement Madame la Députée européenne pour sa participation aux Lundis de l'Europe.


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