Les frontières de l’Europe

Européens,
qui sommes nous ? qui voulons nous être ? que voulons nous faire
ensemble et avec qui ? rêvons nous d’un simple marché commun et d’une
Europe cacophonique ou voulons nous une Europe puissante et respectée ?


L’attitude
des Européens dans la crise géorgienne cet été a été particulièrement
symptomatique de certaines de leurs faiblesses. Certes l’Union
Européenne a montré une unité de façade en la personne du président en
exercice du Conseil Européen, Nicolas Sarkozy. Cela ne peut néanmoins
pas masquer les divisions internes qui parcourent le continent quant à
l’attitude à adopter vis-à-vis de Moscou. Des sentiments anti-russes se
sont ouvertement manifestés dans les pays anciennement dans l’orbite
soviétique ainsi que dans l’entourage de Gordon Brown alors que la
France et l’Allemagne essaient de jouer l’apaisement en appelant à
renforcer la coopération entre l’UE et la Fédération de Russie. Il est
ainsi difficile de parler d’une vraie politique étrangère de l’UE. Les
Européens ont donc jusqu’à maintenant échouer à adopter une politique
claire vis-à-vis de Moscou, politique qui transcenderait les
soubresauts de l’histoire et les intérêts strictement bilatéraux. Leur
rapprochement avec les discours américains est également un signe de
faiblesse. Seuls les Européens peuvent imposer et organiser les formes
d’un dialogue constructif avec Moscou ; pour y arriver, il leur faut
parler d’une même voix en suivant leurs propres idées et non celles des
autres.

Si l’on veut une Europe puissante,
unie et efficace, il est nécessaire de définir nos intérêts et de mener
une réflexion géopolitique sur le contenu du projet européen, sa
spécificité. Cela ne peut se faire que dans le prisme de son identité.
Il est nécessaire de se demander qui sont et qui doivent être les
acteurs de cet ambitieux projet. En effet pour réussir un projet doit
s’appliquer dans un territoire défini et doit être en concordance avec
les valeurs des hommes qui l’habitent. Définir plus clairement les
frontières de l’Union Européenne est aujourd’hui indispensable.
L’inconscience territoriale de nombreuses élites doit cesser et il est
nécessaire pour cela de mener une vraie réflexion stratégique sur
l’extension territoriale de l’Union, ses perspectives et ses effets sur
les opinions. La signification géopolitique et le sens historique du
projet européen doivent être débattus et redéfinis.

L’UE
est un projet ambitieux voire utopique, il a apporté paix et prospérité
au continent européen, sa puissance normative est bien réelle et
influence nombre de pays du monde. Néanmoins l’UE souffre de ses
divisions, elle a du mal à formuler clairement ses intérêts et à les
faire comprendre à ses partenaires. L’Europe en tant que laboratoire de
la mondialisation est une chance, un atout considérable mais hélas
insuffisamment exploité. Sachons redéfinir ensemble ce projet, son
contenu, ses frontières, ses relations avec son voisinage.

Cet
essai revient sur la question brulante des frontières en rappelant la
genèse et l’évolution de l’UE, il rappelle le processus d’élargissement
en soulignant ses succès et en luttant contre les fausses idées, enfin
il pose la question des intérêts européens dans un monde multipolaire
et des relations que l’UE doit entretenir avec ses voisins.

Audrey Gentilucci

Pôle Europe Élargie/Énergie