Ioulia Timochenko sera faiseur de rois

Interview Camille-extraitCamille Roux, vice-présidente de l’Atelier Europe et ancienne conseillère d’Ioulia Timochenko, était interviewée hier par Philippe Richard pour Ouest France.
Nous reproduisons son entretien.

Quel va être le rôle de l’ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, libérée hier ?
Elle va être, au minimum, faiseur de rois. D’après mes informations, même les leaders prorusses les plus radicaux souhaitent la rencontrer pour la consulter sur un gouvernement de coalition.

Que sait-on de son état de santé ?
Après trente mois de détention, elle n’est pas en bonne santé. Elle est réellement malade. C’est plus que les hernies discales qui avaient été évoquées.
Mais je ne pense pas qu’elle va aller en clinique en sortant de prison. Elle est extrêmement forte et énergique, et va se sentir dopée par les événements.

Peut-elle reprendre un rôle de premier plan ?
C’est une femme très maligne et prudente, qui sent bien les situations. Tout dépendra de l’accueil que le peuple lui fera. Elle incarne le passé, en partie l’échec de la Révolution orange, et l’ancienne oligarchie dont les Ukrainiens essaient de se débarrasser. Mais elle peut revenir.
Aucun leader d’opposition vraiment charismatique n’a émergé. Elle, c’est une politique, une vraie leader.  Kiev - le 19 février 2014 - Photo prise par un membre de l'Atelier EuropeCertes, avec les défauts de l’ancienne classe politique ukrainienne, mais elle est sans doute capable de trouver un compromis avec les Russes.

Car la balle est maintenant dans le camp de Moscou. Poutine est à Sotchi, et ne s’est pas encore clairement prononcé.


Quel peut être maintenant le rôle de l’Union européenne ?

L’Union européenne a fait son boulot. Mais il lui manque, sur le long terme, une politique vis-à-vis de la Russie. Pour qu’il puisse y avoir une vraie discussion tripartite. Bien que L’UE n’ait pas grand-chose de concret à proposer à l’Ukraine. Personne n’a envie de s’engager pour une adhésion.

Au cours des trois derniers mois, les opposants sont passés de revendications de rapprochement avec l’Union européenne à des revendications contre l’arbitraire du pouvoir. C’est beaucoup plus fédérateur. Ce qui se passe, c’est la poursuite de la Révolution orange de 2004, qui n’était pas allée jusqu’au bout.

 

D’autres photos de la place Maidan, prises par un membre de l’Atelier Europe, sont visibles ici.