L’UE face au virus Ebola

Alors que plus de 5459 personnes sont décédées et que 15 351 cas ont été reportés à ce jour (données OMS du 21 novembre 2014), l’épidémie du virus Ebola constitue une véritable menace au niveau mondial. Maladie virale extrêmement létale, elle touche principalement l’Afrique de l’Ouest (plus particulièrement le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée). Fin octobre, le Nigeria annonçait avoir réussi à éradiquer le virus sur son territoire, signe d’un véritable espoir de stopper la propagation du virus.

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Photo: ©EC/ECHO/Cyprien Fabre

À bien des égards, les pays européens sont concernés: de par leur part engagement humanitaire, et d’un point de vue sanitaire avec le rapatriement d’européens contaminés en Afrique ou encore des contaminations sur le sol européen. Depuis qu’elle a déclaré Ebola « urgence de santé publique de portée mondiale », l’OMS appelle à une « réponse internationale coordonnée » afin de neutraliser le virus. Le 15 novembre 2014, lors du sommet du G20 à Brisbane, les dirigeants des pays les plus riches du monde se sont d’ailleurs engagés à éradiquer l’épidémie. Ainsi l’UE a-t-elle pris des mesures pour faire face à cette épidémie. Ces mesures visent 2 objectifs: soutenir les pays touchés d’un côté et se prémunir contre de nouveaux cas – voire d’éventuelles infections sur son sol – de l’autre.

Depuis le mois de mars 2014, l’UE développe une action tous azimuts: elle contribue à la fois à l’aide humanitaire dans les pays les plus affectés (avec l’envoi de matériel et de personnel), à la coordination internationale et à la recherche d’un vaccin et d’un traitement adéquat.

À ce jour, l’UE et ses États membres ont décidé de consacrer un financement de plus d’un million d’euros (plus que le seul million prévu lors du Conseil de l’UE organisé les 23 et 24 octobre 2014) afin de contenir la propagation du virus et de fournir des traitements aux personnes infectées.

Entre prévention et protection

L’Union a régulièrement annoncé de nouvelles enveloppes pour soutenir les structures publiques et sanitaires des pays affectés. Ces aides ont notamment été délivrées à travers des organisations partenaires telles que l’OMS, Médecins Sans Frontières et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

À travers le mécanisme de protection civile, elle a également envoyé du matériel dans les pays touchés: le 06 novembre, un navire néerlandais est parti en direction de l’Afrique de l’Ouest; avec à son bord une cargaison sanitaire (ambulances, hôpitaux mobiles, laboratoires, etc.) fournie par neuf des États membres et l’UNICEF. Cette mise en commun des ressources matérialisée par l’envoi groupé permet une plus grande efficacité sur le terrain. Par ailleurs, des experts humanitaires et des spécialistes des maladies infectieuses dangereuses ont été déployés dans la région.

Aussi l’UE garantit-elle des soins appropriés pour le personnel international de santé, finance et coordonne l’évacuation médicale des travailleurs humanitaires internationaux diagnostiqués avec le virus Ebola. À cet effet, le Luxembourg a notamment engagé des avions pour des opérations européennes d’évacuation médicale.

Les délégations de l’UE facilitent la réponse humanitaire en sensibilisant les pays concernés sur les mesures appropriées pour faire face à la crise, en ce qui concerne les restrictions de voyages et les restrictions commerciales entre autres. C’est en ce sens que le 20 octobre dernier, les ministres européens des affaires étrangères ont appelé à une vérification et à un renforcement des systèmes de dépistage des voyageurs mis en place aux points de sorties des pays touchés. L’importance d’une meilleure coordination des mesures nationales déjà prises par les Etats membres de l’UE aux points d’entrée a été soulignée, afin d’anticiper les arrivées potentielles du virus.

Les mesures de prévention sont mises en œuvre à tous les niveaux: information et sensibilisation des voyageurs (un dépliant de « Conseil aux voyageurs » disponible dans toutes les langues de l’UE a été publiée par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies et approuvé par le Comité de Sécurité Sanitaire de la Commission européenne) ; sensibilisation et formation des personnels de santé, mise en place de systèmes de santé prêts à diagnostiquer et à traiter des cas d’Ebola le cas échéant. Sans oublier l’information des citoyens sur les mesures visant à les protéger d’une potentielle contamination.

Très récemment, l’UE a montré son engagement au plus niveau avec une visite de 4 jours (du 12 au 16 novembre) dans les pays les plus affectés par les Commissaires Christos Stylianides (en charge de l’action humanitaire et Coordinateur Ebola pour l’UE) et Vytenis Andriukaitis (en charge de la santé). Cette visite de terrain a permis d’évaluer les besoins et les priorités ainsi que de déterminer la manière dont l’Europe pouvait prêter main forte à l’Afrique de l’Ouest dans cette lutte.

Une action coordonnée

Agir sur tous les plans nécessite une bonne coordination entre les parties prenantes. Ainsi, lors du Conseil de l’UE des 23 et 24 octobre derniers, a été nommé un coordinateur de l’UE contre Ebola: il s’agit du nouveau commissaire européen à l’aide humanitaire et à la gestion de crises, le chypriote Christos Stylianides.

La Commission européenne travaille en étroite collaboration avec les États membres de l’UE au sein du Comité de sécurité sanitaire pour les tenir informés des derniers développements et coordonner les approches en matière de prévention et de préparation à virus Ebola, conformément à la décision n° 1082/2013/UE relative aux menaces transfrontières graves sur la santé.

Une taskforce européenne Ebola a été constituée, réunissant les services de la Commission européenne (notamment la Direction générale pour l’aide humanitaire et celle pour la Santé) et ceux du Service européen pour l’action extérieure. Les délégations de l’UE dans les pays affectés étant incluses au sein du dispositif.

Cette taskforce se réunit quotidiennement au niveau opérationnel au sein du Centre de coordination de la réaction d’urgence (entité créée afin de réagir rapidement et de manière coordonnée aux catastrophes aussi bien au sein qu’en dehors de l’UE) et assure la liaison avec la Mission des Nations Unies pour la lutte contre Ebola, l’OMS et d’autres partenaires clés. De plus, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies produit des évaluations de risques et des mises à jour épidémiologiques.

Au-delà des mesures opérationnelles et d’urgence, la recherche

Le 6 novembre 2014, la Commission européenne en collaboration avec l’industrie pharmaceutique européenne lance un appel à propositions de 280 millions d’euros sous couvert de l’initiative public-privé Innovative Medicines Initiative afin de faire progresser la recherche sur Ebola. Cette aide, via un processus rapide, vise à lutter contre l’épidémie actuelle. Elle se propose aussi de gérer les épidémies futures en finançant le développement de tests de diagnostic rapide, de nouveaux médicaments ainsi que des essais cliniques à grande échelle de nouveaux vaccins. Toutes ces mesures, régulièrement mises à jour avec l’évolution de la propagation du virus, montrent l’engagement fort de l’Europe quant à l’éradication de l’épidémie. Elles visent également à améliorer la réponse collective de l’UE et à soutenir les efforts fournis par les Etats membres afin de sauver des vies aussi bien sur le sol européen qu’africain et d’éviter que l’épidémie ne devienne pandémie.

 

Carole RICHARD