L’Espagne, fille reconnaissante de l’Europe

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Venir à Madrid est toujours douloureux. Non pas par le fait d'y séjourner mais par le regret qui saisit le voyageur au moment du départ. Si l'Europe récompensait la capitale de la félicité, Madrid trouverait-elle son égal? Toutefois, si l'Atelier Europe s'est rendu dans la capitale de la Castille, du 22 au 25 avril 2010, ce n'est pas pour y jouir de ses nombreux charmes, quoique notre délégation y a cédé goulûment, mais en raison de la Présidence espagnole de l'Union européenne ("UE"), plus précisément du Conseil des Ministres puisque le Conseil européen a désormais son leader, soit Herman Van Rompuy.

La relation de l'Espagne à l'UE est, à l'image de ses habitants, passionnée. Pourtant, si l'on considère ses représentations mentales, l'UE ne s'impose pas de facto comme l'espace naturel de l'Espagne. Notre premier entretien, avec un haut responsable du Ministère des Affaires étrangères, n'a pas laissé place au doute; l'Espagne se projette avant tout dans son espace linguistique, né de l'histoire coloniale. La relation à l'Amérique latine est cruciale pour l'Espagne, non seulement au plan culturel, mais également économique alors que le rivage atlantique offre à ses entreprises des débouchés gigantesques. Telefonica, Banco Santander et bien d'autres sociétés de l'Ibex 35, y réalisent d'importants bénéfices, malgré la conjoncture défavorable. En retour, les flux migratoires, phénomène inédit pour l'Espagne contemporaine, sont constitués massivement de Latino américains.

La seconde carte mentale de l'Espagne, c'est son espace géographique naturel, soit la Méditerranée. Le Royaume y puise manifestement une bonne partie de son identité, que ce soit en termes de mode de vie, de ressource, soit le tourisme, d'histoire et de culture, dont le style arabo andalou. Madrid est très attentive aux relations Euro méditerranéennes comme l'atteste son soutien constant, et longtemps solitaire, au processus de Barcelone.

Toutefois, malgré ces centres d'intérêts naturels, nous avons trouvé en l'Espagne, enfin, un État membre enthousiaste. Pour l'Ibère, l'Europe c'est le Nord, géographique, évidemment, mais aussi culturel. On ne comprend pas l'Espagne si l'on ne mesure pas le poids, dans l'inconscient collectif, de la "reconquista", soit la lutte contre l'ennemi méridional. Sept siècles d'occupation par les Maures ont marqué durablement la mentalité espagnole et sa volonté d'ancrage dans cet espace de développement et de liberté que constitue l'ensemble européen.

Cette inclinaison vers l'horizon septentrional ne se comprend pas simplement par l'histoire ancienne. Les évènements contemporains concourent largement à cet européisme, et ce essentiellement par la conjonction de deux facteurs. L'entrée de l'Espagne, en 1986, intervient dans cette période d'euphorie, la "movida" dont les créations d'Almodovar en sont l'expression la plus connue au-deçà des Pyrénées, qui suit la fin de la dictature. Le décès du Caudillo, en 1975, avait laissé l'Espagne face à une destinée incertaine malgré la constitution de 1978 instaurant une monarchie parlementaire. Ainsi, en 1981, la tentative de coup d'État, en pleine séance des Cortes, d'un lieutenant colonel d'opérette, Antonio Tejero, démontre alors la fragilité du processus démocratique, si ce n'était la remarquable intransigeance du Roi, Juan Carlos. Après l'entrée dans l'UE, une restauration franquiste apparaît impossible et le nouvel État membre y gagne donc la consolidation de sa jeune démocratie.

Le second facteur principal expliquant l'européisme local est la croissance économique. A la mort de Franco, l'Espagne est toujours un pays pauvre. Excentrée en Europe, loin de la "banane bleue" de Londres à Milan, via Paris et Francfort, elle a connu avec retard, et de façon partielle, la révolution industrielle. Grâce aux fonds communautaires et à son dynamisme propre, l'Espagne va connaître à partir des années 1980 un rapide rattrapage économique. Les Espagnols associent donc étroitement leur enrichissement récent à l'entrée dans l'UE. Par ailleurs, contrairement à certains pays, ils ont l'élégance de la gratitude à l'endroit du projet européen. Ainsi, en 2005, plus des deux tiers des Espagnols ont approuvé le projet de traité constitutionnel! Comme on nous l'a exprimé, en Espagne, la situation est simple: l'Europe fait plus que le consensus, elle fait l'unanimité des expressions politiques.

Au terme de notre séjour d'études, nous avons donc apprécié de voir en l'Espagne un État membre enthousiaste de l'UE. Certes, la conjoncture s'est fortement dégradée, l'économie espagnole, centrée sur la construction immobilière, étant particulièrement frappée par la crise. Dès lors, l'euphorie initiale n'est plus de saison et sans doute que les Espagnols observent l'UE avec plus de distance, d'autant que le centre de celle-ci s'est déplacé vers l'Est. Néanmoins, qu'il est doux de constater que l'UE détient en l'Espagne un soutien farouche et prompt à s'inscrire dans une destinée commune quand bien d'autres cèdent aux forces centrifuges qui menacent le projet européen.

Cette note est la première d'une série qui va se poursuivre tout au long de la semaine sur le voyage d'études de l'Atelier Europe en Espagne.

L’Europe face au défi de la dette publique

L’Atelier Europe vous invite à sa Conférence sur l’Économie

« L’Europe face au défi de la dette publique »

Intervenants :
Alain LAMASSOURE

Député européen du groupe PPE-DE – Président de la Commission des budgets
Membre de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale

Jean-Paul BETBEZE
Chef économiste et Directeur des Études Économiques, Membre du Comité Exécutif de
Crédit Agricole SA – Membre du Conseil d’Analyse Économique auprès du Premier ministre

Modérateur :
Baudouin BOLLAERT
Ancien Rédacteur en chef au Figaro et Maitre de conférences à Sciences Po

 

Lundi 31 mai 2010 à 19h30
à l’École de Guerre Économique,
171, rue de Grenelle, Paris 7ième

Inscription obligatoire
Pour vous inscrire, cliquez ici

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– le communiqué de presse
– l’invitation
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Pour l’Europe

La construction européenne est à un tournant de son Histoire. Soixante ans après l'appel à l'unité lancé par Robert Schuman, alors Ministre français des affaires étrangères, la crise économique semble dissoudre inexorablement l'édifice européen, et faire ressurgir les égoïsmes nationaux annonciateurs de haines assoupies depuis un siècle. L'Europe se trouve ainsi brutalement renvoyée à son passé: celui d'une collection d'Etats-nations rivaux, fondamentalement étrangers l'un à l'autre, et séparés de leurs voisins par tous les degrés de la richesse et de la puissance. Cette désagrégation représente une menace directe pour le bien-être et la sécurité de l'ensemble des Européens.

Le moment est donc venu de faire le bilan de six décennies de construction européenne et de tracer des perspectives d'avenir. L'enjeu n'est rien moins que la survie de l'Europe au XXIè siècle.

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À la rencontre de la Présidence espagnole

 

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 Après Prague et Stockholm, l’Atelier Europe poursuit son tour des capitales européennes qui ont en charge la Présidence de l’Union. Cette semaine, l’équipe de l’Atelier est donc à Madrid.

Objectif : dialoguer avec des personnalités impliquées dans les affaires européennes, afin de prendre la température de cette Présidence. Face à un programme ambitieux, où en est-on en termes de réalisations concrètes à presque mi-parcours de cette Présidence ?

Programme des rencontres :

 

Augustin Santos, Directeur de cabinet du Ministre des Affaires étrangères

Ofer Bronchtein, Directeur de la Casa Sefarad, maison des cultures juives

Jose Maria Aznar, ancien Premier Ministre, Président du think tank espagnol Fundación
para el Análisis y los Estudios Sociales
(FAES)

Luis Cuesta, Secrétaire général & conseiller diplomatique du Ministère de la Défense

Son Excellence Bruno Delaye, Ambassadeur de France & son premier conseiller François Bonet 

Jacques Huchet, chef adjoint de la Représentation permanente de l’UE en Espagne