Is there anybody out there?

How the desertion by national politicians of the EU is feeding the citizens’ feeling of a European political vacuum.

There is something wonderful about European politics. First, it doesn’t really exist in itself since most of the political power remains at the national level, but still the first target is always « Brussels! ». Second, the more perilous the political and economic outcome of the crisis is likely to be, the more urgent a radical solution becomes, and the more the national political classes seem to be ignorant if not indifferent to European issues.

It is amazing to see how the EU has evolved and deepened during the last decades. But, at the same time, national politicians have still followed their provincial paths towards power without a glance towards the cold bureaucratic world of Europe. The so-called gap between the EU and its citizens is in fact a gap between national politicians, who strongly hold the power in their hands,   and where a significant part of our democratic power is exercised, e.g. Brussels. Such politicians reflect a true and complete inability to understand the EU, which makes their natural recipients, the electors, feeling pretty uncomfortable when it comes to judging how the EU is managed. Who could blame them?

Actually, the strong rise of populist speeches if not ideas (the two are probably not the same since populism is more about reaction than action) in Europe is clearly fed by this fundamental inability of the political elite to understand the EU. It gives a feeling of big issues being out of the control of elected governments. That impacts strongly on the credibility of what moderate leaders could express. It also becomes easy for populist divas (there is an intriguing proportionality between lack of political maturity and the size of the egos) to point to the inaccuracy of decisions when there is indeed a lack of coordination within the EU for reaching consistent and efficient policies.  Hubris, or possibly shyness, prevents leaders from talking about the reality: for large-scale issues such as the economy, foreign policy and defence, none of the Member States have any longer the means, if not the will, to act alone.

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Albionite

Le Royaume-Uni ne cessera jamais de nous étonner. Son puissant Ministre des Affaires étrangères, William Hague, homme talentueux et fieffé europhobe notoire, propose actuellement à son parlement un projet de réforme constitutionnelle visant à imposer un referendum pour tout transfert de souveraineté au sens large, y compris s’agissant de règles procédurales, en faveur de l’Union. Passons sur le délice très anglais d’une réforme constitutionnelle dans un Etat qui n’en compte guère. Ne considérons pas également l’hérésie d’une obligation de référendum dans un pays qui est étranger à la pratique plébiscitaire et où, en dehors des libertés publiques, le Parlement, et partant le gouvernement qui en émane, dispose traditionnellement d’une forte latitude. L’exaltation anti européenne justifie bien quelque entrave aux traditions de Westminster pourtant religieusement respectées.

L’essentiel est ailleurs, pour nous Européens. Le projet de réforme, s’il est adopté, va rendre très difficile toute modification des règles du jeu au niveau européen, sachant que pour toute modification du processus décisionnel, il y aura toujours une incertitude quant à la capacité du gouvernement britannique de s’engager sans procéder à referendum. Nous imaginons déjà les joutes politico juridiques qui menaceront toute velléité de réforme alors même que l’Union doit être plus réactive dans un contexte de crise(s) larvée(s) ; que diable, c’est pourtant aussi son inertie qui lui est reprochée par les europhobes! Le risque de blocage est réel. Dès lors, notre modeste et amical conseil au Thatcherite du Foreign Office est limpide: pourquoi s’embarrasser de tant de referenda, et d’une réforme contraire à la noble tradition parlementaire, alors qu’une seule consultation populaire suffirait: « souhaitez-vous que le Royaume-Uni demeure membre de l’Union européenne? »? Nous sommes à l’un de ces moments de l’histoire où les solutions, à défaut d’être simples, doivent être claires.

Comme rien n’est jamais évident chez nos amis Britanniques, au même moment Tony Blair, sans doute saisi comme nous tous par l’éclat de la présidence de Herman Van Rompuy, affiche, outre une candidature implicite, donc, une stature d’homme d’État en proposant une solution cette fois claire et précise: élire le président de l’Union au suffrage universel. Non, il ne s’agit pas d’un délire de fédéraliste attardé ni d’une proposition franco centrée d’un néo gaulliste en état d’indigestion nationale. Une telle proposition provient réellement d’un ancien Premier ministre de sa Majesté. Certes, il convient d’être prudent s’agissant d’un homme connu pour ses discours européistes flamboyants (La Baule, Birmingham, etc.) mais sans lendemains. De même, nous pouvons nous interroger sur la lassitude d’un homme qui a guerroyé sans cesse avec un parlement revêche et qui devait considérer non sans envie son alter ego, le président français directement adoubé par le peuple, comme autrefois Guillaume III observant jalousement l’absolutisme du régime de Louis XIV.

Toutefois, quelle qu’en soit la motivation profonde, la position de Tony Blair nous démontre à quel point la position britannique sur l’Europe est sans doute plus complexe que nous ne le percevons sur le continent. Margareth Thatcher et ses disciples, associés à Ruppert Murdoch et ses tabloïds orduriers, ont laminé le camp européiste, de Michael Heseltine à Kenneth Clarke, mais ils n’ont pas fait disparaitre le sentiment européen dans une partie de l’élite et du peuple britanniques. L’Union a tout à gagner de bénéficier de l’exceptionnelle culture politique anglaise. Il est néanmoins temps pour ce pays de rompre avec l’ambigüité mortifère qui caractérise sa position sur l’UE. Pour le bien de l’Union mais aussi pour celui du Royaume, celui-ci se représentant, politiquement, trop souvent le monde, et la relation spéciale avec les États-Unis, comme une photographie de l’Après-guerre. En somme, dépasser, respectueusement, Churchill comme les Français devraient laisser reposer en paix de Gaulle car ce n’est pas rendre hommage à ces grands Hommes que de figer leur peuple millénaire dans la mémoire. La brutalité de Hague, ainsi que l’inexpérience de son Premier ministre, nous offriront peut-être, par l’absurde, ce moment de vérité que tout européen peut souhaiter légitimement. Premiers ou pas, à vous de tirer, Messieurs les Anglais!

JC

Pour l’euro – réponse aux contempteurs de la monnaie unique

Un nombre croissant de voix se fait entendre pour appeler à une sortie de l’euro et à un retour au franc, qu’il s’agisse des hérauts de cette cause (Le Pen, Dupont-Aignan), d’économistes en mal d’audience (Saint-Etienne, Sapir) ou de pamphlétaires interlopes (Todd), taxant ses partisans de dogmatiques, mais arrêtant le plus souvent là leur analyse. Essayons justement de pousser cette analyse un peu plus loin.

Tout d’abord, les contempteurs de la monnaie unique comparent en général les avantages et les inconvénients respectifs liés à une monnaie européenne et à des monnaies nationales. Ce faisant, ils présupposent que supprimer l’euro (et retourner au franc) est l’opération symétrique du passage du franc à l’euro, comme si la France pouvait revenir à la situation de 1999 en refermant de manière quasiment neutre la parenthèse de l’euro. Or il y a une faille dans cette logique car la seule comparaison qui vaille est celle entre un avant (i. e. la situation présente) et un après (i. e. le retour à une monnaie nationale), puisque c’est le coût lié à l’abandon qu’il faut évaluer. Peu importe en ce sens que la France ait eu raison ou tort d’adopter l’euro et ce qu’il serait advenu de l’économie française: il s’agit maintenant d’un fait, et tout débat sur une autre base serait purement rhétorique.

Jouons cependant le jeu et essayons nous maintenant à un exercice de conjecture : que se passerait-il si la France quittait l’euro, comme le propose par exemple le programme du Front National ? Suivons la démarche de Frédéric Bastiat dans ses Sophismes économiques pour décrire « ce que l’on voit, ce que l’on ne voit pas« .

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Les Européens en Libye : pas d’armée, mais des divisions

La Libye, un enjeu majeur

La Libye est un des principaux États frontaliers de l’Union européenne. Sa longue façade méditerranéenne borde sur plus de 1 000 kms la voie maritime entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie. Son territoire constitue une des grandes voies de transit depuis l’Afrique, notamment pour les migrants. Enfin, la Libye était jusqu’à ces dernières semaines un des principaux fournisseurs pétrolier et gazier de l’UE : en 2010, 85% des exportations pétrolières libyennes, et la quasi-totalité des exportations gazières, étaient destinées à l’Europe.
La Libye constitue donc à tous égards un enjeu stratégique essentiel pour les Européens. Et la crise libyenne a parfaitement mis en lumière les rouages de la politique étrangère européenne, tel que redéfinis par le traité de Lisbonne.

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L’économie européenne vue d’Australie – un résumé critique

Alors que l’Europe est en crise et cherche désespérément des remèdes à la crise économique pour ne pas se laisser engloutir par les puissances économiques émergentes, les Australiens nous conseillent… Leurs constats et solutions sont plutôt atypiques. Économiquement non viable et profondément anti-intégration, l’argumentaire présenté dénote cependant une méconnaissance profonde de notre économie, son histoire et de la volonté politique qui sous-tend son modèle. Il est aussi cruel pour nous Européens car il marque un certain désintérêt de la part d’un pays prospère et inscrit dans une zone économique dynamique.

Plusieurs articles dans les journaux et revues australiennes ont attiré mon attention ces dernières semaines. La thèse qui revient invariablement: contrairement à l’idée généralement admise, les principaux bénéficiaires d’une intégration économique européenne sont les multinationales américaines, japonaises et aujourd’hui chinoises, indiennes, etc… Une désintégration ne serait pas une mauvaise nouvelle pour les entreprises européennes, surtout celles de petite taille.

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