From one term to another: European institutions in a changing world

by Aymeric Bourdin, Managing Editor EU-Policies.com, Chairman of Atelier Europe

The 2019 European elections are seeing the beginning of a new five-year term in a vastly different context from that of 2014.

On a global scale, the multilateralism that once prevailed has now suffered significant damage. The emergence of a China/United States duopoly is translating into a trade war.

Public opinion has seen growing concern for environmental issues. This has led to a breakthrough in recent European polls, in places like Germany, where green parties came in second place, and France, where they came in third. This movement testifies to citizens’ rapidly growing concern on the topic.

The populist political offer is becoming an increasingly viable option. Targeting the underdogs in the Western democratic globalization, populists are winning votes across the continent, from Germany and Italy, to Austria, Hungary, and Poland.

Brexit plunged Great Britain and continental Europe into the uncertainty of a seemingly endless drama, which is putting the European project to the test.

To deal with these unprecedented issues, a new cast of politicians is replacing the old. While Italian socialist-Democrat David Sassoli has been elected president of the European parliament, other EU “top jobs” have required endless negotiations. A French-German ticket has seen two women elected – Ursula von der Leyen as president-elect of the Commission, and Christine Lagarde as head of the Central Bank. Belgian liberal Charles Michel is president-elect of the Council. And heading up EU diplomacy is Catalan socialist Josep Borrell. The final selection of commissioners to take office in November remains to be seen.

To this end, the new strategic programme negotiated by the member states, the Council and the outgoing Commission, will serve as a basis for the next Commission’s work. This roadmap provides a quinquennial state of affairs and an indication of how leaders perceive the situation. The Robert Schuman Foundation compared the programme adopted on 20 June with its predecessor from June of 2014.They found that the economic and social convergence of member states has been highlighted not as a sustainable solution to the crisis, but as a means of ensuring Europe’s place on the global stage.

The 2019 programme also adds a dimension of sovereignty to the economic dimension of digitization. It underscores the Union’s need to take advantage of the digital revolution “in such a way that it incarnates our social values, promotes inclusion, and remains compatible with our way of life”.

The social dimension, on the other hand, is much less present in 2019 than it was in 2014. No longer a clearly-identified priority, it is now fragmented among other priorities.

Not only have domestic and global issues changed, citizens’ expectations have also evolved. A study carried out by the European Council of Foreign Relations (ECFR) among citizens of fourteen countries showed that the majority of participants hoped that Europe would become “a responsible player in a dangerous world”. The authors of the study found that citizens also hoped that Europe would find its own way in a highly-competitive, multipolar environment.

This would require the EU to shake off its paradox: initially created after the second world war for the purpose of containing national power, Europe must now think and act as a power on a global scale. This is arguably the biggest challenge politicians will face at the head of institutions over the next five years.

Rencontre avec l’Ambassadeur de Finlande

Rencontre avec Teemu Tanner à la Maison de l’Europe le 19 septembre

par Victor de Vilmorin

La rencontre avec l’Ambassadeur a abordé principalement deux sujets :

  • Qu’est ce qui fait de la présidence finlandaise une présidence particulière ?
  • Quels sont les principaux objectifs de la présidence finlandaise ?

Particularité de la présidence finlandaise 

La présidence de la Finlande est particulière par sa situation géographique alliée au contexte international complexe :

La Finlande est limitrophe avec la Suède, l’Estonie et la Russie. Ainsi, la proximité géographique entre la Finlande et la Russie induit une relation de proximité sur le plan économique et politique, sans forcément que la Finlande cautionne les agissements de la Russie comme l’annexion de la Crimée. Les Européens se demandent si la Finlande endossera le rôle d’intermédiaire entre l’Europe occidentale et la Russie ou si elle se détournera de son homologue russe.

La Finlande est située à l’extrême nord de l’Europe, avec une économie semblable aux autres pays scandinaves. On peut se demander comment elle incarnera les enjeux des pays de sud comme les migrations, le fort endettement…

L’Europe est à un moment clef de sa construction à court et moyen terme. À la suite des récentes élections européennes, le Brexit monopolise l’attention du parlement. Comment la Finlande atteindra-t-elle ses différents objectifs dans ce contexte d’instabilité ?

Sur un plan plus global, la guerre économique sino-américaine remet en cause le rôle de leadership européen et rend le rôle de cette présidence finlandaise essentiel.

Objectifs de la Finlande pour sa présidence

  • Affirmer les valeurs et les principes de démocratie, d’Etat de droit et d’égalité pour qu’ils soient appliqués à l’intérieur de l’Europe et défendus à l’extérieur.
  • Lutter contre le réchauffement climatique : La Finlande insiste pour que l’Europe soit leader dans les négociations climatiques. De plus, il leur revient de définir des mesures pour parvenir à un accord sur zéro émission nette en 2050 et une réduction en 2030 de 55% des émissions.
  • Croissance durable et dimension sociale : L’Europe doit trouver des nouveaux axes de croissance en tenant compte du développement durable. (Accord avec le Mercosur sur les produits phytosanitaires)

Assurer la sécurité intérieure et extérieure

  • La sécurité informatique
  • La sécurité liée aux migrations : cela passe par une gestion efficace et intégrée. Il est nécessaire de trouver des compromis et de convenir de politiques de médiation. Cela passe par des relations plus étroites avec l’Afrique
  • La sécurité liée aux menaces hybrides, définies comme les menaces extérieures avec de nouvelles méthodes (ex: frappes en Arabie Saoudite). La sécurité passe notamment par une amélioration de la transmission d’informations entre les différents pays.

Pan-Europa

Préface de Michel Barnier
Traduction et appareil critique de Volker Klostius et Jean Spiri aux éditions Cent Mille Milliards

Pan-Europa, publié en 1923 à Vienne par Richard Coudenhove-Kalergi, est le premier ouvrage à proposer une unification des États européens en en décrivant très concrètement les étapes. Dans le contexte de l’après-Première guerre mondiale, il démontre comment seule une Europe unie pourra assurer la paix et la prospérité sur le continent, et faire face aux expansionnismes politique de la Russie et économique des États-Unis – et de l’Extrême-Orient.

Quatre ans après le Traité de Versailles, il fait d’une France et d’une Allemagne réconciliées le moteur de la future Europe – qui pour lui ne comprend pas la Grande-Bretagne, trop tournée vers son Empire et la relation transatlantique. Lutte contre les nationalismes et droit des minorités, préoccupations économiques mais aussi sociales, chemin vers une démocratie européenne fédérale : les réflexions de Pan-Europa demeurent d’actualité.

Le tournant du 26 mai 2019 en Roumanie (4)

L’enjeu économique du pays : la compétitivité et l´expertise informatique 

« Sortir du low cost, mais pour aller vers quoi ? » La Roumanie est aujourd’hui un pays d’inégalités, à 45% agricole, qui a clairement profité de son intégration à l’UE. Pour autant le salaire minimum est aujourd’hui à 450€. Une politique pro-cyclique a provoqué ces dernières années des déséquilibres et des tensions sur les finances publiques.

La Roumanie a connu une croissance importante (au premier trimestre 2019, le pays a connu 5,1% de croissance) mais fragile car issue principalement de transformation de produits importés. En parallèle, le pays connaît de l’inflation. Les facteurs de croissance sont le rattrapage de la consommation, l’exportation industrielle, l’agriculture (26% PIB) et l’informatique (6% PIB).

Nous avons tous été surpris d’apprendre que la Roumanie est, après l’Inde, un gros hub informatique, où de grosses entreprises européennes sous-traitent leur IT, voire ont leur propre service informatique. Beaucoup d´informaticiens roumains préférant émigrer, la Roumanie embauche de nombreux vietnamiens, qui sont formés dans leur pays puis embauchés en Roumanie.

En terme de finances publiques, une baisse de la TVA et des impôts très bas (IS à 16%.) génère de l’attractivité pour les entreprises étrangères, malgré des difficultés liées à l’instabilité réglementaire.

Pour ce qui concerne la France, 37 sociétés du CAC 40 sont présentes, dont Engie, Orange, Auchan, Carrefour, Thales, … En tout, 2300 entreprises françaises fonctionnent sur le marché roumain comme avec un modèle low cost.

La Roumanie entre soft et hard landing

La démographie du pays témoigne d’une dynamique difficile. Le taux de natalité est inférieur à la moyenne de l’UE et la Roumanie compte 19 millions de citoyens, dont 4 millions à l’extérieur du pays. Pourtant le pays compte certains champions nationaux, comme Bit Defender, la licorne UIPath ou encore Dacia (8% des exportations). L’IT représente 6% des exportations mais il s’agit principalement de centres de commande. Les Chinois sont quant à eux présents dans le cadre de leur projet BELT avec 7000 petites entreprises en Roumanie.

Le manque de perspectives s’explique également par le manque de culture de l’action publique. Il semble ainsi qu’il y ait très peu de travail interministériel, ce qui implique une réticence des responsables à prendre des décisions concertées, engageantes et de long terme. On assiste par ailleurs à un faible taux d’absorption des fonds européens car les projets ne sont pas menés jusqu’au bout.

L’ensemble de ces défis n’empêchent pas l’opinion en Roumanie d’être une des plus pro-Européennes de l’UE, anticommuniste et bien entendu anti-corruption.

40% des jeunes ont voté aux élections européennes. Ces derniers sont très sensibles aux messages véhiculés par les réseaux sociaux. Pour autant, sur le plan des tendances politiques, comme il n’y a pas de parti vert en Roumanie, il est difficile de savoir si les jeunes sont intéressés par les questions environnementales, comme ils l’ont montré un peu partout ailleurs en Europe.

Une présidence sous le signe de la « Cohésion », axée sur les droits individuels et les valeurs.

Il semble que les acteurs s’accordent pour qualifier cette présidence de réussite sur le plan logistique. Politiquement, le bilan est plus contrasté.

L’ordonnance d’amnistie a été brandie comme menace pendant six mois. Le pays a été menacé de déclanchement de l’Article 7 (comme la Pologne) par la Commission.

Par ailleurs, en pleine présidence, le gouvernement a annoncé vouloir déménager le siège de son Ambassade de Tel Aviv à Jérusalem, se désolidarisant unilatéralement de ses partenaires européens.

La présidence roumaine de l’UE fut axée sur la cohésion, la convergence, la sécurité et le rôle de l’UE à l’étranger. Mais elle a été très impactée par des incidences extérieures négatives et des imprévus, comme cela arrive de plus en plus souvent dans un environnement de plus en plus incertain.

 

 

 

Le tournant du 26 mai 2019 en Roumanie (3)

Retour sur la transition post communiste

Lors du régime totalitaire communiste, il y a dans le pays de graves pénuries de nourriture et d’énergie. Cela se traduit notamment par des hivers sans chauffage dans Bucarest et dans l’ensemble du pays, qui a laissé de forts mauvais souvenirs à nos interlocuteurs. De Décembre 1989 à juin 1990, c’est la Révolution.

De 1990 à 1996, une continuité de fait du régime politique.

Les anciens communistes se transforment en PSG, présenté comme parti “successeur” et gagnent l’élection. Ceux qui ont organisé la répression pendant la révolution restent au pouvoir (Ion Iliescu) et mènent une politique d’oubli du passé au lieu de procéder à la condamnation des crimes commis. Il n’y aura qu’un procès spectacle organisé pour Ceausescu et ses plus proches.

De facto, il y a quasi-impunité pour les responsables politiques du réseau de pouvoir.

Ils exercent un monopole sur le « grand capital », ce qui permet aux politiques et à leurs alliés de s’enrichir. C’est à cette période que l’on assiste à la naissance des oligarques de la télévision qui utilisent les médias pour aider les partis.

De 1996 à 2000, les Anti-communistes au pouvoir

Réunis dans une Convention Démocratique incluant le PNL, les anti-communistes sont malgré tout désunis. On assiste à une opposition entre responsables politiques anti-communistes et société civile anti-communiste. La Convention Démocratique disparaît en 2000.

En 2000, Iliescu, ex-communiste, revient comme Président.

Son parti devient le PSD.

C’est une période de dépolitisation de la société civile. Les ressources manquent car il y a peu d’hommes d’affaires fortunés hors du cercle des ex-communistes au pouvoir. Ceux qui le pourraient ne s’engagent pas, par peur de représailles. Les média traditionnels sont dans les mains des ex-communistes.

2004, le rapprochement avec l’Union Européenne

La population espère que l’UE va contrôler les réflexes politiques et vaincre la corruption. En réalité, l’accès privilégié de la clientèle politique aux fonds européens permet aux oligarques de s’enrichir encore plus. On peut en conclure que la lutte pour l’accès aux fonds européens a paradoxalement produit encore plus de corruption.

Il semblerait que le système fasse en sorte que le contre-pouvoir potentiel représenté par les hommes d’affaires fortunés ne fonctionne pas. En surface, le gouvernement Roumain accède aux demandes de réforme de l’Union Européenne, mais en réalité, cela ne se traduit par aucune action publique. L’influence normative de l’UE s’est traduite par un effort avant l’adhésion, mais qui a été presque stoppé après. La nécessité de plus de surveillance de la part de l’Union après l’adhésion à été évoquée, comme cela avait été le cas en Bulgarie….

Aujourd’hui, les nouveaux média ont joué un rôle important dans les Élections Européennes, mais cela ne suffit pas car ils manquent de moyens.