Il en va des déclarations historiques comme des classiques que nous chérissons, il faut revenir au texte. Au détour d’une flânerie de mai, on y lit « L’Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l’une de ses tâches essentielles: le développement du continent africain ». D’une terrible actualité, cette phrase de Robert Schuman incarne l’esprit de l’Europe que nous fédérons, toujours moins il est vrai.
Hier et aujourd’hui, notre intégration répond à une urgence, celle de bâtir des ponts entre les peuples pour construire un avenir prospère et pacifique. Mais cette exigence n’est pas une incantation, elle décrit ce qu’est l’engagement européen en soi, non pas un postulat moral mais une démarche graduelle dont l’accomplissement même serait moral, au sens d’un devoir pour nous-même et pour autrui.
Les Hommes meurent toujours aux portes de l’Europe. Il y a la guerre en Ukraine et il y a cette infamie des migrants qui viennent s’échouer avec leur embarcation de fortune. S’il faut formuler un vœu en ce jour de célébration, c’est bien que nous cessions ce jeu malsain des envolées culpabilisantes sur l’Europe, et finalement sur nous-mêmes, quand l’horreur apparaît à la lumière, pour mieux ensuite nous exonérer de toute action. En attendant la prochaine onde sordide. Prenons garde à ne pas nous perdre, l’Europe c’est tout le contraire, c’est accepter notre part de responsabilité, non pour nous flageller gratuitement mais bien pour agir collectivement et prendre ainsi la mesure de ce qui nous unit, cette civilisation que nous avons aussi construit par l’échange avec l’autre rivage.
Joyeuse fête de l’Europe à tous !
Jérôme Cloarec
Président de l’Atelier Europe
Photo: Vito Manzari