Le Front National a dit « les pays européens qui ne sont pas entrés dans l’euro affichent des performances supérieures », c’est FAUX!

Dans un document récemment publié, le Front National indique que "les pays européens qui ne sont pas entrés dans l’euro affichent des performances supérieures aux pays de la zone euro depuis dix ans : croissance moyenne de 2,5% par an contre 1,3% pour les pays européens de la zone euro, chômage à 5,4% contre 8,6% chez nous, et déficit de 1,5% du PIB contre 2,6% en moyenne dans la zone euro (données Eurostat)."

Ces chiffres sont faux !

Il suffit de se rendre sur le site d'Eurostat pour constater que la croissance moyenne des pays de la zone euro entre 1999 et 2009 s'est établie à 1,5%, contre 1,7 % en moyenne pour ceux qui sont restés en dehors à ce moment là (Royaume-Uni, Suède, Danemark), soit un écart bien plus faible, et qui surtout ne prend pas en compte le fait que deux de ces trois pays (Suède, Danemark) sont des pays scandinaves dont le succès tient bien plus à un modèle particulier qu'à toute dimension monétaire. 

Jean-Luc Mélenchon a dit « [Il faut que] la BCE prête directement [aux Etats] au taux où elle prête aux banques aujourd’hui, c’est-à-dire à 0% ou 1%. », c’est FAUX!

M. Mélenchon est un habitué des attaques approximatives contre l'UE, et notamment la BCE. Mais c'est un assaillant habile qui évite le plus souvent les erreurs factuelles par un recours aux approximations, aux sous-entendus, plutôt qu'à la précision, toujours périlleuse. Mais à l'oral, il peut se laisser aller, comme lors de la fête de l'humanité ce week-end, où il a affirmé qu'il fallait que "la BCE prête directement [aux États] au taux où elle prête aux banques aujourd’hui, c’est-à-dire à 0% ou 1%."

Qu'il faille ou non que la BCE prête ou non aux États directement peut prêter à débat. Mais affirmer que la BCE prête aux banques (commerciales) à 0 ou 1% est tout simplement faux, et doublement d'ailleurs.

D'abord parce que le taux auquel la BCE prête aujourd'hui est 1,5%, ce qui est infiniment plus que 0%, et 50% de plus qu'1% – ça n'est donc pas une petite erreur de la part de M. Mélenchon.

Ensuite et surtout parce que ce taux auquel la BCE prête est un taux au jour le jour, tandis que les prêts qu'accordent les banques commerciales sont à beaucoup plus long terme: des quelques mois (prêts à la consommation) à quelques décennies (prêts aux États, prêts immobiliers). Par exemple, l'échéance moyenne de l'endettement français est de sept années environ. Les banques commerciales qui prêtent à cet horizon savent quel sera le taux BCE demain, mais pas après demain et certainement pas dans cinq, six ans ou sept ans… bref, il faut savoir de quoi l'on parle avant de se lancer dans des comparaisons hasardeuses.

Jean-Luc Mélenchon a dit « L’UE creuse le gouffre de la dette grecque », c’est FAUX!

Une erreur fréquemment répandue ces jours-ci, notamment par l'eurodéputé et ancien sénateur Mélenchon, veut que l'Union européenne aggrave la situation financière de la Grèce. Or non, l'UE n'enfonce pas la Grèce mais au contraire lui permet de préparer les conditions nécessaires à la restauration de son économie. L'Union européenne a – entre autres – mis sur pied à cet effet deux mécanismes permettant de soutenir directement les pays de la zone en difficulté: le Fond européen de stabilité financière (ou FESF) garanti par les Etats Membres de la zone Euro et que le Mécanisme européen de stabilisation financière (ou MESF), qui, à la différence du FESF, est garanti par le budget de la Commission européenne, c'est-à-dire in fine par tous les États de l'UE (et donc pas seulement ceux de la zone euro). Ces fonds sont autorisés à procéder à l'achat de dette sur le marché secondaire et à prêter aux Etats en difficulté (la Grèce, l'Irlande et le Portugal y ont fait appel).

Premier bénéfice pour la Grèce: elle trouve dans l'UE un acheteur pour sa dette, ce qui lui permet de maintenir le fonctionnement de l'Etat grec et de ses services publics. Si l'UE n'était pas intervenue, la Grèce aurait fait faillite à coup sûr, se serait écroulée et ferait actuellement la douloureuse expérience que vit l'Argentine depuis 10 ans, qui elle, n'a pas bénéficié d'un tel soutien depuis son défaut.

Deuxième bénéfice pour la Grèce: contrairement à ce que peut écrire M. Mélenchon, l'UE permet à la Grèce de financer cette dette à des conditions tout à fait privilégiées. Les acheteurs de dettes souveraines (celles émises par les Etats) exigent habituellement un taux d'intérêt reflétant le niveau de risque de non-remboursement par ces Etats de la dette qu'ils sont prêts à acheter. Dans le cas de la Grèce, avant l'intervention de l'UE, non seulement les taux des obligations grecques avaient explosé (ou, dit autrement, les prix de ces obligations sur les marchés s'étaient effondrés), mais surtout les investisseurs ne voulaient plus prêter à la Grèce, ce qui aurait fait rendre gorge au peuple grec. L'UE a elle démontré qu'elle prenait le risque de prêter à la Grèce, faisant peser sur les contribuables français, allemands, belges, etc… le risque de non-remboursement.

L'UE ne creuse donc pas le gouffre de la dette grecque; au contraire elle permet, par sa solidarité, à la Grèce de ne pas y sombrer.

Le Figaro a dit « L’aide à la Grèce coûtera 15 milliards d’euros à la France », c’est FAUX!

L'Atelier Europe inaugure une nouvelle rubrique, "Contrevérités", destinée à rétablir la vérité sur l'actualité européenne, qu'il s'agisse de corriger des erreurs factuelles, ou de dénoncer des mensonges ou des contrevérités trop souvent colportées par des décideurs politiques, pamphlétaires, journalistes…

Une erreur classique que le "titreur" de cet article du Figaro commet ici (mais pas l'auteur de l'article, qui présente une version correcte des faits), comme beaucoup l'ont fait depuis le début de la crise financière, notamment dans le cas des prêts accordés aux banques. Non, l'aide ne "coûtera" pas 15 milliards d'euro, puisque cette aide sera remboursée! Certes, l'endettement français va s'accroître à court terme de ce montant, mais cette somme va progressivement être remboursée. La France devrait même y gagner, puisqu'elle prête à un taux supérieur au coût de son endettement. A moins qu'elle y perde si sa note est dégradée en conséquence (scénario peu probable: ce montant représente moins de 1% de la dette actuelle). Mais dans les deux cas (gain ou perte), la quantification est un exercice délicat, contrairement à ce que ce titre laisse penser."