Présidence polonaise – Rencontre avec Joanna Ołdakowska-Kwiatek, Directrice du département de la stratégie du Ministère des Affaires étrangères

Joanna Ołdakowska-Kwiatek, Directrice du département de la stratégie, ainsi que divers responsables du Ministère des Affaires étrangères, nous ont éclairés sur les grandes tendances en Pologne et sur les problématiques clés de la présidence.

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Joanna Ołdakowska-Kwiatek, Directrice du département de la stratégie, ainsi que divers responsables du Ministère des Affaires étrangères, nous ont éclairés sur les grandes tendances en Pologne et sur les problématiques clés de la présidence.

Contrairement aux idées reçues, les Polonais sont aujourd’hui majoritairement favorables à l’Union européenne. Cela s’explique notamment par le fait que la Pologne a bien résisté à la crise et parce que les gens voient les apports réels de l’UE (l’aide européenne contribue significativement à la croissance économique en Pologne).

Un des grands sujets sur lesquels travaille le Département de la stratégie est le populisme. Sur cette problématique la délégation polonaise était particulièrement intéressée par les idées et les propositions de l’Atelier Europe. Nous constatons aujourd’hui partout en Europe un éloignement des citoyens de l’UE et un désintérêt croissant. L’Europe est devenue un « rêve consommé » et la cause facile de tous les maux. Il est essentiel de rapprocher l’Europe des citoyens et de politiser l’UE pour que les populations s’y intéressent davatange. Afin de montrer la valeur ajoutée de l’Europe, on pourrait établir une liste des bénéfices concrets qu’apporte l’UE aux citoyens ou alors montrer par un biais artistique (un film, un conte etc.) quel serait le prix de la non-Europe. 

Pour la Pologne, le rapprochement entre les citoyens et l’Europe passe par la croissance économique à long-terme et par le développement du Marché intérieur, deux priorités majeures de la Présidence. L’énergie, l’innovation et les NTIC sont les domaines d’avenir qui devraient permettre de relancer la croissance et assurer une plus grande compétitivité de l’UE.

Pendant sa présidence, la Pologne souhaite aussi faire avancer le dossier de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). Pour cela il convient d’améliorer les capacités de défense européennes, de développer les battlegroups et la capacité d’envoyer aussi bien des missions civiles que militaires. Parallèlement, la Pologne veut développer le système antimissile américain sur son territoire. Mme Ołdakowska-Kwiatek nous rappelle que pour la Pologne l’Europe et les Etats-Unis sont considérés comme deux alliés complémentaires, il n’y a pas de confrontation entre les deux. Les Etats-Unis sont une garantie de sécurité pour la Pologne alors que l’Europe est  dans l'impossibilité, pour le moment, de la protéger.

La politique énergétique fait également partie des priorités de la Présidence polonaise, notamment son aspect sécuritaire et les relations avec les pays tiers. Varsovie souhaite améliorer le droit européen dans ce secteur afin de créer une base légale pour des relations extérieures, promouvoir la Charte de l’énergie, notamment avec la Russie, et développer une communauté énergétique.

Quelle légitimité l’Europe a-t-elle ? Au terme de nos échanges, nous avons insisté sur le fait que l’Union a un problème de gouvernance car les citoyens ne sont pas réellement représentés au sein de l’UE. Le Parlement européen, le seul organe élu, n’a qu’un rôle secondaire. De plus, les candidats aux élections européennes sont rarement choisis, par les partis politiques, pour leur intérêt pour les questions européennes mais en fonction de considérations nationales. Nous avons besoin des vrais leaders avec une vision, capables d’incarner l’Europe et de donner un nouveau souffle au Parlement européen.

Mais pour l’heure les politiques nationales restent encore le point de référence pour les peuples. L’Europe n’existe que tous les cinq ans lors des élections parlementaires (avec un taux de participation de 30%). Les relations bilatérales continuent à avoir une importance primordiale, notamment compte tenu de la lenteur de la prise de décisions au sein de l’UE. Le niveau national constitue le principal blocage car les Etats ne veulent pas confier davantage de pouvoirs aux institutions européennes. Pour un pays comme la Pologne, le partage de la souveraineté est encore plus difficile car ils ont regagné leur indépendance il y a seulement 20 ans.

 

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