La Méditerranée n’est plus guère la « mer commune » que rappelait Braudel, mais plutôt un gouffre entre un monde riche et un monde arabe qui stagne. Il faut juguler ce différentiel qui ne cesse de croître. La question n’est peut-être pas celle de l’argent (cela se saurait) mais aussi celle des états d’esprit de part et d’autre. Il nous faut des esprits euro-méditerranéens. La population européenne compte de nombreuses personnes d’origine du sud qui seraient motivées d’y faire un séjour d’études. Créons un Erasmus du nord vers le sud.
La Méditerranée est un enjeu clé pour l'Europe en ce début de XXIème siècle :
- En termes économiques, il y a un gouffre entre le nord et le sud. Seule la frontière américano-mexicaine lui est comparable, quoique dans des proportions moindres. Ce gouffre continue de se creuser. L’écart de revenus ne cesse d’augmenter. Nous sommes bien loin de la Mare Nostrum que rappelait Braudel ;
- Cette situation n’est pas souhaitable car elle crée des tensions entre des territoires trop proches pour pouvoir les gérer. L’immigration clandestine en Italie et à Malte en témoigne ;
- La gestion contrôlée de l’immigration ne saurait résoudre le problème en profondeur : il est important d’offrir au sud de la Méditerranée des perspectives sérieuses de développement, perspectives dont il doit décider librement ;
- Les défis sont immenses : défi de l'écart de développement entre les deux rives ; défi du réchauffement climatique et de la vulnérabilité de la région ; défi démographique, des migrations et du développement urbain ;
- La politique de voisinage de l’UE répond en partie à ces questions, à travers un programme fait d’aide, de coopération et de commerce.
Toutefois la résorption du gouffre nord-sud n’est pas seulement une question économique, mais aussi de culture. Il y a à faire pour rapprocher les peuples en profondeur.
Un Erasmus de la Méditerranée permettrait de nouer des contacts académiques et culturels entre le nord et le sud.
Or, si les mouvements du sud vers le nord sont fréquents, il n’en est pas de même des mouvements de jeunes Européens vers les rivages marocains, tunisiens, algériens ou libyens. Encourager de jeunes Européens à faire une partie de leurs études dans le sud ne devrait pas être très difficile compte tenu de la taille en Europe de la population de deuxième génération, déjà sensibilisée aux enjeux du pays de leurs parents.
Un tel programme renverserait, pour une fois, les logiques, avec une « visite » du nord dans le sud. Il favoriserait la connaissance de ces pays en Europe. Il permettrait de diffuser en profondeur la culture européenne sur les rivages sud. Il créerait des liens de long terme favorables au commerce. Il serait conforme, finalement, à l’histoire et au destin de cette mer commune.
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