L’enjeu économique du pays : la compétitivité et l´expertise informatique
« Sortir du low cost, mais pour aller vers quoi ? » La Roumanie est aujourd’hui un pays d’inégalités, à 45% agricole, qui a clairement profité de son intégration à l’UE. Pour autant le salaire minimum est aujourd’hui à 450€. Une politique pro-cyclique a provoqué ces dernières années des déséquilibres et des tensions sur les finances publiques.
La Roumanie a connu une croissance importante (au premier trimestre 2019, le pays a connu 5,1% de croissance) mais fragile car issue principalement de transformation de produits importés. En parallèle, le pays connaît de l’inflation. Les facteurs de croissance sont le rattrapage de la consommation, l’exportation industrielle, l’agriculture (26% PIB) et l’informatique (6% PIB).
Nous avons tous été surpris d’apprendre que la Roumanie est, après l’Inde, un gros hub informatique, où de grosses entreprises européennes sous-traitent leur IT, voire ont leur propre service informatique. Beaucoup d´informaticiens roumains préférant émigrer, la Roumanie embauche de nombreux vietnamiens, qui sont formés dans leur pays puis embauchés en Roumanie.
En terme de finances publiques, une baisse de la TVA et des impôts très bas (IS à 16%.) génère de l’attractivité pour les entreprises étrangères, malgré des difficultés liées à l’instabilité réglementaire.
Pour ce qui concerne la France, 37 sociétés du CAC 40 sont présentes, dont Engie, Orange, Auchan, Carrefour, Thales, … En tout, 2300 entreprises françaises fonctionnent sur le marché roumain comme avec un modèle low cost.
La Roumanie entre soft et hard landing
La démographie du pays témoigne d’une dynamique difficile. Le taux de natalité est inférieur à la moyenne de l’UE et la Roumanie compte 19 millions de citoyens, dont 4 millions à l’extérieur du pays. Pourtant le pays compte certains champions nationaux, comme Bit Defender, la licorne UIPath ou encore Dacia (8% des exportations). L’IT représente 6% des exportations mais il s’agit principalement de centres de commande. Les Chinois sont quant à eux présents dans le cadre de leur projet BELT avec 7000 petites entreprises en Roumanie.
Le manque de perspectives s’explique également par le manque de culture de l’action publique. Il semble ainsi qu’il y ait très peu de travail interministériel, ce qui implique une réticence des responsables à prendre des décisions concertées, engageantes et de long terme. On assiste par ailleurs à un faible taux d’absorption des fonds européens car les projets ne sont pas menés jusqu’au bout.
L’ensemble de ces défis n’empêchent pas l’opinion en Roumanie d’être une des plus pro-Européennes de l’UE, anticommuniste et bien entendu anti-corruption.
40% des jeunes ont voté aux élections européennes. Ces derniers sont très sensibles aux messages véhiculés par les réseaux sociaux. Pour autant, sur le plan des tendances politiques, comme il n’y a pas de parti vert en Roumanie, il est difficile de savoir si les jeunes sont intéressés par les questions environnementales, comme ils l’ont montré un peu partout ailleurs en Europe.
Une présidence sous le signe de la « Cohésion », axée sur les droits individuels et les valeurs.
Il semble que les acteurs s’accordent pour qualifier cette présidence de réussite sur le plan logistique. Politiquement, le bilan est plus contrasté.
L’ordonnance d’amnistie a été brandie comme menace pendant six mois. Le pays a été menacé de déclanchement de l’Article 7 (comme la Pologne) par la Commission.
Par ailleurs, en pleine présidence, le gouvernement a annoncé vouloir déménager le siège de son Ambassade de Tel Aviv à Jérusalem, se désolidarisant unilatéralement de ses partenaires européens.
La présidence roumaine de l’UE fut axée sur la cohésion, la convergence, la sécurité et le rôle de l’UE à l’étranger. Mais elle a été très impactée par des incidences extérieures négatives et des imprévus, comme cela arrive de plus en plus souvent dans un environnement de plus en plus incertain.