Voyage d’études à Athènes

Greek2014L’Atelier Europe se rendra en voyage d’études à Athènes du 6 au 9 mars, à l’occasion de la Présidence grecque du Conseil de l’UE. Ce déplacement s’inscrit dans la continuité d’une tournée des capitales européennes initiée lors de la présidence tchèque, et qui a perduré depuis.

L’Atelier Europe effectuera son onzième voyage d’études!

Ces déplacements sont l’occasion de rencontrer les gouvernements,  acteurs institutionnels et et de la société civile (personnalités académiques, journalistes etc…), et nous permettent de mieux comprendre les priorités de chaque présidence, leur mise en œuvre et la carte mentale de l’Europe de nos partenaires.

Programme des rencontres:

Ministère des affaires étrangères
Vasilios Alevizakos, directeur politique auprès du secrétaire d’État aux affaires européennes

Ministère de la marine marchande et de la mer Égée
Contre-Amiral Panagiotis Petropoulos, Directeur général du Ministère
G. Dontas, conseiller diplomatique du Ministre

Paul Kalligas, Professeur à l’Université d’Athènes

Dr. Philip Dracodaidis, écrivain, essayiste et traducteur (Montaigne, Rabelais…)

Ambassade de France en Grèce
Alexandre Morois, Premier Conseiller

Hellenic Foundation for European & Foreign Policy (ELIAMEP)
George Pagoulatos, Professeur des politiques européennes & d’économie, chercheur associé

Retrouvez prochainement le compte-rendu du voyage d’études sur notre site.

Ioulia Timochenko sera faiseur de rois

Interview Camille-extraitCamille Roux, vice-présidente de l’Atelier Europe et ancienne conseillère d’Ioulia Timochenko, était interviewée hier par Philippe Richard pour Ouest France.
Nous reproduisons son entretien.

Quel va être le rôle de l’ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, libérée hier ?
Elle va être, au minimum, faiseur de rois. D’après mes informations, même les leaders prorusses les plus radicaux souhaitent la rencontrer pour la consulter sur un gouvernement de coalition.

Que sait-on de son état de santé ?
Après trente mois de détention, elle n’est pas en bonne santé. Elle est réellement malade. C’est plus que les hernies discales qui avaient été évoquées.
Mais je ne pense pas qu’elle va aller en clinique en sortant de prison. Elle est extrêmement forte et énergique, et va se sentir dopée par les événements.

Peut-elle reprendre un rôle de premier plan ?
C’est une femme très maligne et prudente, qui sent bien les situations. Tout dépendra de l’accueil que le peuple lui fera. Elle incarne le passé, en partie l’échec de la Révolution orange, et l’ancienne oligarchie dont les Ukrainiens essaient de se débarrasser. Mais elle peut revenir.
Aucun leader d’opposition vraiment charismatique n’a émergé. Elle, c’est une politique, une vraie leader.  Kiev - le 19 février 2014 - Photo prise par un membre de l'Atelier EuropeCertes, avec les défauts de l’ancienne classe politique ukrainienne, mais elle est sans doute capable de trouver un compromis avec les Russes.

Car la balle est maintenant dans le camp de Moscou. Poutine est à Sotchi, et ne s’est pas encore clairement prononcé.


Quel peut être maintenant le rôle de l’Union européenne ?

L’Union européenne a fait son boulot. Mais il lui manque, sur le long terme, une politique vis-à-vis de la Russie. Pour qu’il puisse y avoir une vraie discussion tripartite. Bien que L’UE n’ait pas grand-chose de concret à proposer à l’Ukraine. Personne n’a envie de s’engager pour une adhésion.

Au cours des trois derniers mois, les opposants sont passés de revendications de rapprochement avec l’Union européenne à des revendications contre l’arbitraire du pouvoir. C’est beaucoup plus fédérateur. Ce qui se passe, c’est la poursuite de la Révolution orange de 2004, qui n’était pas allée jusqu’au bout.

 

D’autres photos de la place Maidan, prises par un membre de l’Atelier Europe, sont visibles ici.

Devons-nous être des Allemands du Sud ? Débat sur une 3ème voie européenne

De gauche à droite:<br /> Antoine Kasel, Jérôme Cloarec, Camille Roux, Daniel Cohn-Bendit et Francois Manceaux

Le 15 octobre dernier, l’Atelier Europe a organisé avec Toute l’Europe, l’Université Libre de Bruxelles et la Faculté des Sciences Sociales et Politiques un débat autour de la troisième voie européenne avec Daniel Cohn-Bendit, Député européen, groupe Verts/ALE et Antoine Kasel, ancien sherpa de Jean-Claude Juncker suite à la projection.

Voici un petit aperçu de cet échange:

Ces échanges faisaient suite à la diffusion du film de François Manceaux, Portugal: l’Europe de l’incertitude, produit par Paquita Romson Production et monté par Bruno Bervas. Tourné au Portugal au cours des années 2010 et 2011, ce documentaire traite du Portugal comme laboratoire des politiques d’austérité en Europe. Cette « expérimentation » portugaise est plus que jamais d’actualité aujourd’hui et peut apparaître comme une réalité prémonitoire pour l’avenir du modèle social et économique européen.

 

Tournant « social-démocrate »: une bonne nouvelle pour l’Europe?

Merkel-HollandeIl aura fallu que les journalistes s’y reprennent à trois fois lors des vœux à la presse de François Hollande pour que celui-ci accepte enfin sans ambiguïté le qualificatif de social-démocrate. Pourquoi tant de réticence vis-à-vis d’un terme pourtant synonyme de modération et que les gauches européennes revendiquent volontiers? Et quelles implications pour l’Union européenne?

Il ne s’agit pas d’un simple point lexical: la France est l’un des derniers pays en Europe où la gauche de gouvernement (c’est-à-dire le Parti Socialiste) se sent plus à même de gouverner avec l’extrême gauche, où ses transfuges sont nombreux, qu’avec la droite modérée. A tel point qu’Arnaud Montebourg, dans un parfait déni de réalité, considérait que la gauche allemande avait récemment gagné les élections, sur la base d’une addition baroque des voix du SPD (l’équivalent du PS français), des verts allemands et de Die Linke (l’équivalent du Front de Gauche). Mais voilà, en Allemagne les coalitions se font au centre, entre sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens.

Il s’agit bien là d’une exception française: chez tous nos voisins, la gauche de gouvernement a coupé les ponts avec son aile extrémiste, que ce soit en Espagne, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, etc. Cela n’a rien d’étonnant, puisque si les valeurs sont souvent différentes entre la droite et la gauche modérée, au moins sur le plan économique les objectifs sont largement convergents (intervention raisonnée de l’Etat dans l’économie, ouverture, défense du projet européen, attachement à la monnaie unique, rôle de l’entreprise dans la création de valeur, etc.).

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2014: se replier n’est pas voter?

2013 aura été une année pour rien, ou presque. Comme nous le craignions, les élections allemandes ont gelé largement toutes velléités d’initiative ambitieuse. La France a obtenu un rabe de temps de la part de la Commission s’agissant de ses finances publiques, sans doute selon le principe éculé du too big to fail, mais comme toujours le pays n’en profite pas pour réformer en profondeur son économie. Ce sera, à n’en pas douter, l’éternelle antienne du temps perdu, qui lui se monétisera bien un jour.

DSC_00622014 s’annonce à la fois plus encourageante mais aussi plus incertaine. La ferveur pro UE à Kiev nous encourage, autant qu’elle nous oblige, dans notre chemin vers l’unité politique. L’Allemagne semble gouvernée par une équipe plus pro européenne, sans extravagance excessive bien entendu, et la perspective d’un nouveau leadership européen, si ce terme est approprié s’agissant de Jose Manuel Barroso, ne peut que ravir les nombreux contempteurs d’une décennie bien difficile pour nos convictions. Les Verhofstadt, Juncker et autres Sikorski sont en lice pour imprimer une nouvelle ambition mais l’histoire récente incite à la prudence quant au résultat de ce meccano infernal avec cette année, en sus des 28 États et du Parlement, l’intrusion, bienvenue mais dans un cadre obscur, des partis politiques européens qui devront proposer un candidat pour la présidence de la Commission. étant donnée la rédaction peu claire des Traités en la matière, l’Europe va sans doute nous réserver de belles surprises que nous habillerons de belles envolées sur le « compromis européen » qui ressemble pourtant à s’y méprendre à un foutoir lamentable.

Surtout, le grand enjeu de 2014 sera bien évidemment les élections européennes. Beaucoup a déjà été dit sur le sujet, notamment sur la probabilité d’une poussée populiste, mais force est de constater que les partis politiques, notamment en France, n’ont pas encore pris la mesure du risque et ils reproduisent les mêmes erreurs du passé: choisir des candidats en se fondant sur les rapports de force interne, sans souci de candidats crédibles, compétents et convaincus. Les électeurs se laisseront-ils vraiment grugés? La perspective d’un Parlement composé d’un quart, voire d’un tiers, d’élus qui souhaitent la destruction du système européen, voilà qui annonce des lendemains difficiles du fait de l’importance du Parlement et de la nature technique des sujets votés, laquelle exige un sens du compromis et de la responsabilité que les aboyeurs publics méprisent profondément.

Un autre aspect majeur de 2014 sera la tenue de referenda sur l’indépendance en Écosse et en Catalogne. Le repli, qu’il soit nationaliste ou régional, présente les mêmes dangers et l’Europe qui se construit sur le principe du rassemblement, non pas contre mais au profit des différentes strates identitaires qui nous structurent en tant qu’Hommes et peuples, ne peut que redouter cette atomisation. Cela n’annonce rien de bon sur notre capacité à construire une organisation politique pérenne et harmonieuse. De fait, le particularisme excessif n’exprime en rien la culture, il n’est que le produit d’une recherche existentielle vaine, celle de se déterminer par opposition faute d’être, soi. Et porte en germe la violence car il conduit à une impasse qui nourrit le ressentiment.

Par ces deux aspects, 2014 pose une question fondamentale, celle de l’état de notre démocratie européenne et plus précisément de notre système de représentation. La défiance croissante vis-à-vis de ceux qui nous représentent, les individus comme les institutions, renforce le délitement qui rend difficile toute construction d’avenir, comme l’Union. C’est contre cela que nous devons nous battre et il n’appartient qu’à nous, inlassablement, d’exprimer un discours de confiance et de démontrer que si la politique peut et doit changer, cela ne doit pas se faire par le bas, en raison d’une nostalgie vaine, et que ce que promettent les anti UE, c’est le discours de l’impuissance, celle qui nous mènera à la soumission.

Une année difficile mais passionnante, en somme, et vous pouvez faire confiance à l’Atelier pour porter haut l’engagement européen! Il est très difficile de surmonter l’inertie du système mais la recherche de perspectives positives est bien réelle chez nos concitoyens et le succès de nouvelles formes de participation au débat public nous encourage dans notre démarche. Nous y participerons activement, d’une forme ou d’une autre.

Dans l’attente de vous retrouver dans le cadre de nos activités, je vous souhaite, au nom de toute l’équipe de l’Atelier, une belle et lumineuse année 2014!

Jérôme Cloarec
Président de l’Atelier Europe