Le mur et la force magnétique de l’Europe

Chute_Mur_Berlin Si de toute l'histoire du continent européen, on ne devait retenir que dix images, celle de la chute du mur de Berlin et des milliers d'Allemands de l'Est passant à l'Ouest en ferait partie. Au côté de quelques autres, elle symbolise l'aspiration irréductible à la liberté. Le mur de Berlin qui tombe, c'est la fin d'une époque qui commence. Un choc géopolitique immense qui redistribua les cartes du monde, comparable de par son ampleur à la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, qui mit fin au Moyen-âge et ouvrit la voie de la Renaissance. Mikhaïl Gorbatchev dira plus tard « qu'en 1989, l'histoire est sortie de ses gonds ». Tout est allé très vite, depuis les cris de la foule du 7 octobre 1989, qui scandait des « Gorbi, Gorbi », devant un leader soviétique aussi froid qu'indifférent devant les parades qui commémoraient les quarante ans de la RDA. Un mois après, le mur tombait.

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2009-2014: Quel positionnement pour la France au sein de la future Commission européenne ?

 

La prochaine Commission européenne sera désignée dans le courant du mois d’octobre. Au cours des cinq prochaines années, elle aura à prendre des décisions fondamentales dans des domaines essentiels à l’avenir de l’Europe.

Les principales compétences de la Commission sont traditionnellement le Marché intérieur, la Concurrence et le Commerce. A cette liste, il convient désormais d’ajouter l’énergie et l’environnement, l’économie et l’industrie et la politique étrangère : des domaines où l’Europe, longtemps absente, joue désormais un rôle essentiel, rôle appelé à s’accroître au cours des prochaines années.

La France peut jouer un rôle moteur dans la mise en œuvre de ces nouvelles politiques européennes. Les domaines concernés constituent pour elle des intérêts essentiels, où ses compétences sont largement reconnues. La présente note se propose donc d’examiner différentes initiatives que pourraient prendre la France, et son futur représentant à la Commission, dans ces différents secteurs.

  

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Politiques de concurrence : les contradictions françaises


Le 2 mars 1791, l’Assemblée constituante adopte le décret d’Allarde qui, en proclamant la liberté du commerce et de l’industrie, supprime les corporations, et donc les rentes et privilèges qui en découlent. La France fait alors figure de pionnière en matière de concurrence, bien avant le Sherman Act de 1890 aux États-Unis, lequel annoncera le droit de la concurrence contemporain. Deux siècles plus tard, elle semble évoluer à rebours et se distingue d’un consensus croissant en la matière au sein de l'UE, et au-delà comme l’a démontré récemment la volonté affichée par la nouvelle administration Obama de mieux collaborer avec les autorités de concurrence européennes.  


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Zweig ou l’unité de l’Europe par la culture

Le regret est souvent exprimé d'une Europe réduite à sa dimension marchande. Pourtant, le projet d'unité de l'Europe est largement préexistant à toute notion de marché commun ou d'union douanière. Il n'est même pas, à son origine, politique. L'idée même d'union européenne fut d'abord, au XIXe siècle, morale et spirituelle et sa traduction politique n'interviendra qu'au XXe siècle. Parmi les auteurs qui ont prôné cette unité, le dramaturge Stefan Zweig  revêt un caractère exemplaire par son identification absolue à la cause européenne, jusqu'à l'abîme.

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Penser l’Europe – Les Européens face à leurs contradictions

L'unité politique de l'Europe était un projet controversé il y a 50 ans ; il l'est encore aujourd'hui, et pour des raisons qui n'ont guère varié pour l'essentiel. Aujourd'hui comme il y a un demi-siècle, il existe en Europe de profonds désaccords quant aux modalités et aux finalités de la construction européenne elle-même. Ces désaccords opposent traditionnellement les États dits « eurosceptiques » (comme le Royaume-Uni ou la République tchèque) ou États réputés « pro-européens » (dont la France et l'Allemagne se sont longtemps affirmées les chefs de file), mais on les retrouve, parfois sous une forme modifiée ou paradoxale, à l'intérieur des débats citoyens (notamment lors des référendums sur l'Europe).

En dépit de sa complexité, la controverse s'organise globalement autour de quelques oppositions
irréductibles et immuables :

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