Prendre au sérieux le PE?

Les partis lancent tour à tour leurs campagnes
pour les élections européennes. Comment expliquer qu'elles ne le
fassent que maintenant, alors qu'ils sont déjà en train de préparer les
élections régionales qui auront lieu en 2010 ? La France prend-elle
assez au sérieux le Parlement européen ?

Monsieur le Député européen Alain Lamassoure nous répond.


On ne peut pas accuser l'UMP
d'avoir pris du retard dans le lancement de la campagne des
européennes. Le lancement a eu lieu dès le 24 janvier, soit près de six
mois avant l'élection, de la manière la plus spectaculaire qui soit,
avec la présentation des têtes de liste et un grand discours du
Président de la République devant le "parlement" du parti. Les autres
partis courent derrière, les socialistes ayant plusieurs semaines de
retard.

Ce qui est
regrettable, c'est que l'UMP ait décidé d'organiser ses primaires
internes pour la désignation des chefs de file des élections régionales
de 2010 à la mi-mars prochaine, au risque de distraire élus et
militants en pleine campagne européenne. C'est étrange, c'est d'autant
plus inexplicable que le statut des régions, et même le régime
électoral, ne seront définitivement fixés qu'après les travaux de la
commission Balladur sur la réforme des collectivités locales. Mais on
fera avec.

Peut-on dire que la France prend suffisamment au
sérieux le Parlement européen ? Globalement, non, et on est même loin
du compte. Au début de la présidence française de l'Union, le
Vice-président du Conseil d'Etat avait fait sensation en évaluant à 70%
la proportion des lois applicables en France qui étaient désormais
"directement européennes ou conçues sous influence européenne".
Pourtant les informations télévisées ne consacrent que moins de 2% de
leurs sujets aux problèmes européens, la plupart des jeunes espoirs de
la politique considèrent Strasbourg comme un insupportable exil, et
aucun parti n'a une véritable politique de sélection, de formation et
de promotion des candidats à une fonction européenne. Nous sommes très
en retard par rapport aux grands partis allemands, anglais et
espagnols. Le simple fait que nous trouvons normal d'élire les députés
européens français à la proportionnelle intégrale, pour assurer la
représentation au Parlement européen de petits partis marginaux dont
nous évitons la présence au Palais-Bourbon est révélateur de l'idée
qu'on se fait à Paris de l'importance du Parlement de Strasbourg.

L'Atelier
Europe remercie chaleureusement Monsieur le Député européen pour sa
participation aux Lundis de l'Europe, ainsi que pour sa disponibilité
et l'aide qu'il lui apporte.

Nous vous invitons à le retrouver sur son site.

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