Comment faire progresser l’Europe de la connaissance? Le doctorat est le diplôme du XXIème siècle: source d’innovations et symbole d’excellence. Il faut le valoriser davantage. Les Américains sont devant l’Europe en termes d’innovations et d’intégration professionnelle des jeunes docteurs, l’Europe se doit de les rattraper sur ce point qui est essentiel pour bâtir l’Europe de la connaissance du XXIème siècle. Ce statut devrait comporter des avantages suffisamment attractifs (revenu, reconnaissance) pour constituer un appel clair à choisir la voie de la recherche.
Il existe déjà un « label européen » pour les doctorats, qui est une autre manière de faire un doctorat entre plusieurs pays lorsqu'une cotutelle n'est pas possible – pour des raisons administratives ou de choix de projet de recherche. Le doctorat européen est en fait une thèse "classique" avec un label "européen" en plus. Le label européen permet de valoriser son travail de recherche en dehors de son pays d’origine, et de bénéficier au cours de sa thèse d'une formation et de conseils de la part de professeurs étrangers. Mais ce label européen n’est pas assez proposé et ne mène à rien de concret. Une fois le diplôme obtenu avec ce label, il n’existe pas de statut pour tous les nouveaux docteurs en Europe, ce qui pénalise la recherche européenne, car beaucoup de jeunes diplômés partent alors faire des post-docs aux États-Unis, les conditions d’accueil étant encore trop précaires en Europe pour les jeunes docteurs.
Pour le moment, seule une ouverture européenne des études doctorales, dans le cadre de coopérations avec des établissements d'enseignement supérieur étrangers, est donc possible. Le chercheur post doctoral a souvent un statut précaire, en France son statut est notamment en compétition avec le statut de fonctionnaire de la plupart des postes de chercheurs des Etablissements Publics à caractère Scientifique et Technologique (EPST).
Il est possible de s’appuyer sur le réseau associatif pour promouvoir la formation par la recherche et l’insertion professionnelle des jeunes docteurs. La plus « européenne » des associations est l’EURODOC. Ce Conseil Européen des Doctorants/Chercheurs en début de carrière et Jeunes Docteurs, se présente sous la forme d'une fédération européenne d'organisations nationales représentantes de jeunes chercheurs, créée en 2002 et établie à Bruxelles en 2005 en tant qu'association internationale sans but lucratif. Elle regroupe aujourd'hui les organisations membres de 32 pays d'Europe. Cette fédération d’associations nationales assure la promotion du doctorat en organisant des évènements, en prenant part à des débats et en s’impliquant dans l’élaboration de politiques liées à l’université et à la recherche en Europe, mais le statut du docteur lui fait défaut pour aller plus loin.
De la même manière que la Commission européenne a présenté le 8 janvier 2012 une proposition de statut de la fondation européenne, dont le but est de permettre aux fondations de se consacrer plus facilement à des causes d'utilité publique au niveau de l'UE, il serait utile de créer un statut européen des docteurs.
Ce statut pourrait notamment comprendre l’accès à la haute fonction publique (en dehors des concours classiques) et un salaire minimum.
La création d’un tel statut créerait en Europe un appel pour stimuler l'économie de la connaissance européenne. Couplé avec des avantages financiers, il ouvrirait la voie à une reconnaissance sociale qui attirerait les jeunes. Cette idée est en ligne avec la stratégie UE 2020 (elle-même successeur de la stratégie de Lisbonne) et la construction d’une Europe de la connaissance.
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