Wilfried Durand: « L’Europe orientale est absente du paysage French Tech. »

Wilfried Durand, CEO de Onvey et co-fondateur de la French Tech à Sofia

>propos recueillis par Rolland Mougenot

Quel est l’objectif de FrenchTech Sofia ?   

La French Tech Sofia se veut en premier lieu un réseau d’entrepreneurs, uni et soudé autour de problématiques communes. L’initiative entend naturellement créer des solutions sur les questions liées au développement de l’innovation et de l’IT  comme la formation, la recherche, le financement, ou le recrutement dans un univers francophone et local.

A terme, l’ambition de notre projet repose sur un constat simple : l’Europe orientale est absente du paysage French Tech, malgré de forts liens déjà établis et une grande concordance avec les objectifs de développement de l’Europe de l’Ouest et de la France.

Évidemment fiers de notre pays mais aussi citoyens de l’Europe, nous autres entrepreneurs, institutionnels, francophones ou francophiles et surtout ambassadeurs de l’innovation,  souhaitons apporter nos valeurs à ces 500 millions d’habitants en attente d’une image forte à soutenir et d’un projet fédérateur dans lequel s’inscrire.

Nous savons que Sofia ne saurait tout porter sur ses seules épaules. Mais avec notre optimisme et notre volonté, nous sommes convaincus qu’elle ferait une première Capitale French Tech formidable dans la région, en apportant un point d’ancrage, notamment grâce à son dynamisme en plein essor.

Quel type d’événements la French Tech organise-t-elle à Sofia ? 

Des événements informels et grand public tels que les “Mardi soir on parle français” qui réunissent plus de 100 personnes dans un bar. Des événements professionnels comme un salon “rencontres et carrières IT”, organisé chaque trimestre pour permettre à des candidats et entreprises françaises de se rencontrer, réunissant environ 150 personnes. Des rencontres thématiques sous différents formats sont à l’étude et débuteront dès septembre 2018 tels que déjeuner/diner entre dirigeants ou managers, after-work digitaux et mini-conférences. Enfin les événements institutionnels divers (CCI, ambassade, Institut Français …)

Vos start-up semblent extrêmement innovantes sur des marchés qui peuvent apparaître dominés par de grands acteurs (GAFA en particulier). Sofia est-t-elle un atout face à ces mastodontes ?

En soi, le climat est effectivement favorable à une dynamique de croissance rapide. Cela constitue une chance de démarrer et pérenniser une jeune société à moindre risque. En revanche, cet avantage s’estompe dans une logique de conquête de marché à grande échelle. En tant qu’Européens, pour envisager rivaliser avec les GAFA ou même “simplement” établir une position de leadership mondial, il faut s’attendre à devoir s’étendre sur les marchés dominants (USA, Asie, …) et donc rivaliser localement avec la concurrence, chez elle, avec ses codes. Il y a des questions d’accès au marché et de culture professionnelle qui entrent en jeu, pour acquérir de la notoriété. Les avantages de Sofia et de la Bulgarie sont réels sur les questions de fiscalité. Mais à grande échelle, toute entreprise de grande taille est capable d’aborder les questions de fiscalité avec “flexibilité”…

Quid de l’avenir de la Bulgaria Tech ?

En se fiant aux évolutions des années passées, l’avenir peut être sereinement envisagé. La “Bulgaria Tech” constitue une part importante de l’économie avec une croissance forte, grâce notamment aux fonds Européens. L’essor est tel que la demande de compétences est plus forte que l’offre, l’emploi est là, le financement également. Les talents ne quittent plus autant le pays qu’avant, beaucoup d’ailleurs reviennent. Les conditions pour créer une entreprise sont extrêmement favorables du fait du faible coût de la vie et du peu de taxes et le secteur est hermétique aux potentielles dérives politiques que d’autres pourraient craindre.