3 questions à l’Ambassadeur de Bulgarie en France
1/Les Français connaissent peu la Bulgarie. Quels sont les liens et les domaines de coopération entre la France et la Bulgarie ?
La Bulgarie et la France entretiennent des relations d’amitié et de partenariat, fondées sur la confiance et sur des valeurs démocratiques partagées, tant au niveau bilatéral que sur la scène européenne. Les Bulgares ont toujours apprécié la civilisation française, la langue et la culture, la science et la littérature françaises.
Les rapports entre la Bulgarie et la France ont des racines historiques profondes qui datent du 9-ème siècle. Les relations diplomatiques entre les deux pays sont établies officiellement le 8 juillet 1879. Au cours des années, indépendamment des changements en termes politiques et économiques, la Bulgarie et la France ont su sauvegarder les liens forts qui les unissaient.
L’évènement majeur qui a marqué les relations bilatérales et a donné un nouvel essor à la coopération entre les deux pays au début des réformes démocratiques en Bulgarie est sans doute la visite d’Etat du Président Mitterrand en 1989 et le petit-déjeuner qu’il avait pris à cette occasion avec plusieurs intellectuels dissidents, dont le philosophe Dr Jeliu Jelev, qui allait devenir le premier Président de la République démocratiquement élu. Cette rencontre symbolique a renforcé encore d’avantage l’appréciation des bulgares à l’égard de la France.
Aujourd’hui, nous constatons un renforcement significatif du dialogue politique entre les deux pays qui s’est traduit l’année dernière par des rencontres de haut et très haut niveau. La Bulgarie et la France travaillent côte à côte dans le cadre de l’Union européenne. Nos deux pays ont une grande convergence des positions sur les principaux sujets de l’agenda européen. Nous voulons une Union européenne forte et efficace, stable et solidaire, capable de répondre aux préoccupations de nos citoyens et aux nouveaux défis du monde d’aujourd’hui.
Dans le domaine économique et commercial la coopération entre la Bulgarie et la France connait un renouveau au cours des cinq dernières années. La valeur des échanges a augmenté de 50% en 10 ans et en 2017 a atteint près de 2 milliards d’euros. Les investissements français en Bulgarie pour la période 2008-2018 atteignent 1,6 milliard d’euros.
La Bulgarie possède des atouts qui sont de plus en plus appréciés par les touristes français dont le nombre augmente de plus de 20% par an et atteint 170 000 en 2017.
L’agriculture est un autre domaine de coopération qui constitue une priorité commune pour nos deux pays. La coopération s’est intensifiée ces dernières années avec une forte croissance de la balance commerciale agricole (1.2 milliards d’euros en 2016), une augmentation significative des investissements français dans ce secteur et un travail commun dans le cadre de la Politique agricole commune.
Les échanges sont intenses dans les domaines de la culture, de l’éducation et les échanges universitaires. Des instituts culturels existent à Sofia comme à Paris et de nombreux événements culturels sont régulièrement organisés. Un évènement phare dans ce cadre était sans doute l’exposition sur la culture thrace qui a eu lieu en 2015 au musée du Louvre et qui a connu un grand succès.
2/Quels sont les enjeux pour la Bulgarie à l’occasion de sa première présidence du conseil de l’UE en cours jusqu’en juillet ?
La Bulgarie a pris sa première Présidence du Conseil de l’UE à un moment clé pour l’Union. De nombreux nouveaux défis sont à l’ordre du jour et l’Europe est au seuil de réformes importantes visant à la rendre plus forte, plus unie et plus démocratique. C’est dans cet esprit que la Présidence bulgare s’est fixée pour ambition de préserver et faire évoluer cette Europe vers plus de stabilité, de sécurité et de solidarité. Notre objectif est de répondre aux besoins réels des citoyens européens, de transformer les défis en possibilités. Et nous ne pouvons le faire qu’à travers le consensus, la cohésion et la compétitivité.
La Bulgarie a choisi sa devise nationale comme devise de sa première présidence du Conseil de l’UE – l’Union fait la force. Nous travaillons pour l’union, tant des États membres que des institutions européennes. Notre ambition européenne doit nous inspirer et non pas nous diviser, elle doit être partagée, et non pas imposée.
La présidence bulgare travaille sur quatre domaines prioritaires:
– la cohésion économique et sociale, centrée sur le cadre financier pluriannuel de l’UE, les futures politique de cohésion et politique agricole commune, ainsi que sur l’approfondissement de l’Union économique et monétaire ;
– la stabilité et la sécurité en Europe avec une plus grande sécurité des frontières extérieures, une gestion plus efficace de la migration, le fondement de l’Union de défense, y compris en mettant en place la première coopération structurée permanente au sein de l’UE;
– la Perspective européenne et les Balkans occidentaux: l’intention de la Bulgarie est de profiter de son expertise régionale, pour soutenir les réformes des pays des Balkans occidentaux liées à l’adhésion à l’UE et placer au premier plan de l’ordre du jour des Balkans la paix et la stabilité dans cette région. Un sommet UE- Balkans occidentaux se tiendra à Sofia le 17 mai 2018 visant à imprimer un nouvel élan aux relations de ces pays avec l’UE.
– l’économie numérique et les compétences pour l’avenir: Il s’agit d’un focus sur l’achèvement du marché numérique unique de l’UE et le développement de l’économie et des capacités numériques.
3/ Comment décrieriez-vous le sentiment et les attentes à l’égard de l’UE en Bulgarie en 2018 ?
Malgré le fait que l‘euroscepticisme gagne du terrain en Europe ces derniers temps, les bulgares sont majoritairement très favorables à l’Union européenne.
L’UE est perçue comme garante de protection face aux défis globaux tels que la lutte contre le terrorisme ou le changement climatique, et à la fois comme un élément essentiel contribuant à améliorer la vie quotidienne des citoyens.
En 2018 les citoyens bulgares espèrent qu’un progrès sur le dossier de l’adhésion de la Bulgarie à l’espace Schengen sera fait et que le pays pourra rejoindre la salle d’attente de la zone euro. L’adoption de l’euro est très importante parce qu’elle permettra non seulement de renforcer la compétitivité des entreprises mais elle est aussi une étape importante dans l’approfondissement de l’intégration européenne en vue d’une meilleure coordination des politiques économiques nationales.