Le double vote du 26 mai et ses implications
Il y aura semble-t-il un avant et un après 26 mai 2019 en Roumanie. Assiste-t-on à un pays qui se ressaisit ? L’avenir le dira. Mais le taux de participation pour les élections européennes, le référendum présentés le même jour et le oui à 85% aux questions posées par ce dernier donnent un signal clair.
Par le double référendum non contraignant, la population est amenée à se prononcer sur deux questions. La première porte sur l’interdiction des amnisties en faveurs de personnes condamnées pour corruption. La seconde propose quant à elle d’interdire au gouvernement de recourir à des ordonnances d’urgence dans le domaine judiciaire et à faciliter le droit de recours à la Cour constitutionnelle contre ce type d’ordonnance. Il traduit en réalité une opposition entre le président Iohannis, pro-européen et attaché à la lutte contre la corruption et le gouvernement majoritairement PSD de Sorin Grindeanu.
Malgré l’appel au boycott des partis au pouvoir, les deux propositions recueillent 85 % de votes positifs pour un taux de participation qui se révèle plus important qu’attendu et permet une validation des résultats. Ce résultat est considéré comme un désaveu de la coalition au pouvoir et un soutien à la lutte anti-corruption du président Iohannis.
Cela fait suite à une période où le gouvernement vise à dé-légitimer le discours de Bruxelles, en pleine première Présidence roumaine de l’UE…
Il semble que le parti au pouvoir ait tout fait pour empêcher la participation au référendum, notamment par une volontaire désorganisation des élections dans les consulats et la mise en option du vote, alors que les citoyens sont invités à s’exprimer également sur le sujet européen. En effet, les Socio-démocrates du PSD, au pouvoir depuis plusieurs années, sont associés à une forte corruption et à une politique nationaliste, anti-multinationales, présentée comme antidote aux pressions de l’UE.
Les Roumains ont ainsi assisté pendant deux ans et demi à la montée d’une propagande sur un prétendu «Etat parallèle» A cela s’ajoute le fait que les principaux médias étant contrôlés par les Sociaux Démocrates et le parti conservateur, les seuls journalistes vraiment indépendants aujourd’hui s’avèrent être des blogueurs ou des ONG, avec des moyens de diffusion bien moindres.
Le 26 mai, 43% des citoyens se sont mobilisés pour aller voter. Ils ont exprimé un vote majoritairement en faveur des partis pro-européens et contre les socio-démocrates nationalistes qui n’ont obtenu que 22% des votes. Avec le référendum, suffisamment de citoyens ont participé et voté « contre la corruption » pour que cela conduise à l’arrestation du leader du parti PSD Liviu Dragnea, condamné en 2012 pour manipulation des résultats d’un référendum.
Selon les observateurs, une nouvelle ère commence peut-être, dans laquelle, pour rester au pouvoir, le gouvernement va devoir coopérer avec Bruxelles et se régulariser.
Les résultats des élections européennes
Sur 32 élus au Parlement européen
-9 élus Socio-démocrates proches de l’Eglise orthodoxe
-9 élus Parti national libéral PNL (PPE), parti du président qui représente notamment la minorité allemande
-9 élus Coalition Alliance 2020 (Union Sauvons la Roumanie + Parti PLUS de Dacian Ciolos
-2 élus Pro Romania
-2 élus UDMR, parti hongrois
-1 élu PMP
A suivre…