Qui avait envie d’entendre parler de coopération industrielle et énergétique avec l’Allemagne, au sortir de la deuxième guerre mondiale ?
Fin 2019, la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen a comparé le moment actuel à celui qui, il y a soixante-dix ans, a débouché sur la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) à l’origine de la construction communautaire. « Aujourd’hui, il s’agit de réconcilier l’économie avec la planète », avait-elle expliqué. Ce moment semble bien loin.
L’énergie et l’industrie ont toujours joué un rôle majeur dans l’histoire de l’Union européenne. Le traité de Paris, signé en 1951, établit la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Avec la signature du traité Euratom en 1957 visant à promouvoir le nucléaire, l’énergie devient la colonne vertébrale de l’intégration européenne.
En 2014, l’UE a adopté son cadre pour le climat et l’énergie à l’horizon 2030, qui prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 %, une part de 27 % d’énergies renouvelables dans le secteur énergétique et une amélioration de 27 % concernant l’efficacité énergétique. Ces objectifs ont été rehaussés à 32 % pour les énergies renouvelables et 32,5 % pour l’efficacité énergétique lors des négociations de juin 2018 sur le paquet « énergies propres »
L’Union de l’énergie, lancée en 2015, tente de mettre sous le même toit le cadre climatique et énergétique 2030 et la stratégie de sécurité énergétique. L’accord de Paris, conclu la même année engage l’UE à réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Le récent paquet « Énergie propre pour tous les Européens » vise à aligner la législation énergétique de l’UE sur les engagements pris à Paris.
L’Europe est aujourd’hui face à une mission historique : être un modèle de la transition énergétique et des innovations écologiques, pour prendre la tête du combat contre le changement climatique.
Pour ce faire, il va falloir apprendre à arrêter d’opposer économie et écologie. Ce qui nécessite de penser et de mettre en oeuvre des critères communs de ce qu’est la valeur d’un bien ou d’un service, de ce qu’est la valeur réelle crée dans chaque Etat, incluant notamment le coût carbone. Le chantier est immense et il est mondial. La crise du COVID19 a réinterrogé nombre d’évidences et remis en perspective les habitudes de nombres d’entre nous, entreprises, citoyens, consommateurs. Elle est peut-être ce moment où la menace est amenée à basculer en opportunité.
À nouveau, l’Europe est face à elle-même, et ne peut attendre le leadership d’autres superpuissances.
Si le renforcement de certaines pratiques comme le télétravail, les chaînes courtes de production et de consommation alimentaire, la relocalisation de certaines activités industrielles semblent favorables à un développement plus durable en ligne avec les principes et les objectifs des récents accords, nous devons espérer que les aides accordées à nos entreprises les soutiennent résolument dans leur transition énergétique.
Pour que plus d’Europe rime avec plus d’avenir, d’opportunités et d’innovations, il nous faut désormais penser un développement économique fondé sur des technologies nouvelles, plus respectueuses de l’environnement. Et cela nécessite, comme à l’époque de la CECA, un effort disruptif d’imagination et de coopération entre Etats, sous l’égide des institutions européennes.