Dix ans

Chers amis,

Pièce d’un Euro lituanien. La Lituanie entre dans la zone Euro ce 1er janvier.

Dans les bons westerns, les héros concluent: « another day, another dollar« . Ainsi l’année se termine-t-elle, et au nom de l’Atelier je vous remercie pour votre fidélité. L’année fut forcement intense dans un contexte d’élections européennes mais nous retiendrons deux événements majeurs. La montée des nationalismes, en France notamment où le FN arriva pour la première fois en tête, même si les Farage et autres Le Pen n’ont pu donner la portée qu’ils souhaitaient à leur succès. On construit rarement sur le rejet. Mais nous retiendrons aussi la face lumineuse que fut la realisation du vieux rêve spinellien d’un président de la Commission issu du groupe majoritaire au Parlement. Enfin un pas, certes modeste mais concret, vers la politisation et in fine une légitimation accrue de l’Union.

2015 aura pour nous une saveur particulière, celle de nos dix ans d’existence. C’est aussi votre anniversaire et l’Atelier ne saurait exister sans ce lien avec ses lecteurs et ceux qui participent à ses événements. Permettez-nous aussi d’exprimer notre fierté d’exister depuis dix ans avec nos moyens limités de groupe indépendant qui ne nous ont pas empêché, partout en Europe, de porter une voix pro européenne, ré aliste mais ferme dans ses convictions.

En 2015, une autre décennie sera commémorée, celle du référendum sur le Traité constitutionnel. Les adversaires de l’Union n  e manqueront pas de s’en délecter et toutes les confusions sont à craindre. Le sujet européen est pris en otage par un débat entre, pour simplifier, l’ouverture et la souveraineté traditionnelle, entre le modèle occidental et la verticalite des regimes dirigistes. Avec évidemment les gradations et les incohérences d’usage. La tentation est forte, à gauche comme à droite, de céder à nouveau à un contrôle plus étroit sur les citoyens mais le prix à payer serait terrible. La sortie de crise ne se fera pas en singeant des modèles dont on connaît l’impasse et le politique ne reprendra pas prise simplement par le mirage de la frontière intra européenne. La solidarité, dès Schuman, est l’une des clefs de voûte de notre Union et c’est bien en accroissant notre cohérence interne que nous pourrons assurer la pérennité de notre modèle de société.

Dans l’attente de vous retrouver bientôt, je vous vous souhaite une excellente nouvelle année !

Jérôme Cloarec
President de l’Atelier Europe

Source photo : Wikicommons

L’UE face au virus Ebola

Alors que plus de 5459 personnes sont décédées et que 15 351 cas ont été reportés à ce jour (données OMS du 21 novembre 2014), l’épidémie du virus Ebola constitue une véritable menace au niveau mondial. Maladie virale extrêmement létale, elle touche principalement l’Afrique de l’Ouest (plus particulièrement le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée). Fin octobre, le Nigeria annonçait avoir réussi à éradiquer le virus sur son territoire, signe d’un véritable espoir de stopper la propagation du virus.

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Photo: ©EC/ECHO/Cyprien Fabre

À bien des égards, les pays européens sont concernés: de par leur part engagement humanitaire, et d’un point de vue sanitaire avec le rapatriement d’européens contaminés en Afrique ou encore des contaminations sur le sol européen. Depuis qu’elle a déclaré Ebola « urgence de santé publique de portée mondiale », l’OMS appelle à une « réponse internationale coordonnée » afin de neutraliser le virus. Le 15 novembre 2014, lors du sommet du G20 à Brisbane, les dirigeants des pays les plus riches du monde se sont d’ailleurs engagés à éradiquer l’épidémie. Ainsi l’UE a-t-elle pris des mesures pour faire face à cette épidémie. Ces mesures visent 2 objectifs: soutenir les pays touchés d’un côté et se prémunir contre de nouveaux cas – voire d’éventuelles infections sur son sol – de l’autre.

Depuis le mois de mars 2014, l’UE développe une action tous azimuts: elle contribue à la fois à l’aide humanitaire dans les pays les plus affectés (avec l’envoi de matériel et de personnel), à la coordination internationale et à la recherche d’un vaccin et d’un traitement adéquat.

À ce jour, l’UE et ses États membres ont décidé de consacrer un financement de plus d’un million d’euros (plus que le seul million prévu lors du Conseil de l’UE organisé les 23 et 24 octobre 2014) afin de contenir la propagation du virus et de fournir des traitements aux personnes infectées.

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Référendum en Écosse : suspense à Holyrood, le Royaume va-t-il se désunir ?

Le noble peuple écossais a ses vices, souvent inavoués publiquement, calvinisme oblige, à l’image de ces élixirs maltés que les Highlanders distillaient et consommaient sous le boisseau, mais il y en a un dont il était peu suspect: l’ardeur politique. Du moins en ce jeune siècle. Comme l’eau de vie, le sens étymologique du whisky en gaélique, le feu ne dort jamais vraiment et les anciennes passions rejaillissent aussi brusquement qu’elles avaient été enfouies. Quelle est donc cette fièvre ayant saisi la paisible Écosse ?

L’Union scellée en 1707 ne fut pas un mariage d’Amour. Mais elle ne constitua pas une annexion, les deux pays y trouvant leur compte et y négociant leur part. Les Anglais ont sécurisé leur frontière septentrionale, que l’ennemi français menaçait depuis la Auld Alliance au XIIIe siècle, et les Écossais, ou plutôt leur élite, y voyaient la possibilité de développements commerciaux. L’Union ne s’est pas faite sans soubresauts, notamment dans les Highlands où les jacobites, ces révoltes populaires, ont battu le plein jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Les succès qui suivirent, dont la Révolution industrielle et l’Empire où Glasgow pris une part déterminante, ainsi que l’existence d’ennemis communs, dont l’Allemagne, ont assuré la pérennité de l’alliance. Mais les termes de celle-ci sont aujourd’hui contestés.

Il y a la dimension identitaire, évidemment. Elle est toujours trompeuse car jamais aussi simple qu’elle n’apparaît. Si les deux Nations ont conservé des traits distincts, dont des systèmes juridiques séparés, l’imbrication culturelle fut forte et si les Écossais gagnaient leur indépendance, ils perdraient aussi leur britishness. Ainsi ne dit-on pas « l’Angleterre » mais pudiquement « au Sud de la frontière », selon un understatement très britannique. Le folklore du kilt et des magnifiques tartans fut mis en lumière par la famille royale anglaise, à commencer par la Reine Victoria qui fit prolonger la ligne ferroviaire jusqu’à Inverness, dans ces Highlands qu’elle affectionnait et où elle se rendait en villégiature. La décentralisation autorise l’Écosse à mener une politique culturelle autonome et vivante. Le niveau d’imbrication est important et le réflexe anti anglais, bien présent, est davantage de l’ordre du rituel que du véritable rejet. Surtout, selon les sondages la région la plus unioniste d’Écosse serait celle des Highlands et des Iles du Nord-Ouest, où la culture gaélique et les valeurs traditionnelles sont les plus vivantes. Le souci identitaire, au sens culturel, semble donc le flambeau mais pas l’origine majeure de ce mouvement.

Le vrai point d’achoppement réside probablement dans les rapports sociaux. Continuer la lecture de « Référendum en Écosse : suspense à Holyrood, le Royaume va-t-il se désunir ? »

Juncker, et ensuite?

Le Conseil européen ayant proposé le Jean-JunckerClaude Juncker à la présidence de la Commission européenne, cette question est aujourd’hui réglée puisque le Parlement a avalisé mardi 15 juillet ce choix sans difficulté, l’impétrant étant le choix des principales formations politiques qui y sont représentées.

Jean-Claude Juncker n’a pas le charme de la nouveauté, comme s’est plu à le rappeler David Cameron. Mais il n’en reste pas moins l’un des meilleurs prétendants à ce poste: expérimenté, doté de réelles convictions pro-européennes et fédéralistes, fin connaisseur de la machine européenne, polyglotte, etc. Rares étaient ses concurrents capables d’aligner autant d’atouts.

Est-ce à dire que la bataille des postes est désormais réglée? Continuer la lecture de « Juncker, et ensuite? »

Les projets collectifs au cœur des élections européennes!

plenaryDepuis 2009, l’Atelier Europe accompagne les étudiants du Master Affaires européennes de Sciences Po dans la réalisation de leurs projets collectifs. Les sujets proposés chaque année s’inscrivent dans le débat politique européen, et permettent aux étudiants de mener une réflexion de fond en équipe, de la confronter avec des experts institutionnels, académiques et du secteur privé. Les productions, documentaire audiovisuel ou note d’analyse, sont publiées sur le site web de Sciences Po et du think tank Atelier Europe, afin de valoriser le travail accompli et apporter la contribution des étudiants au débat.

Pour cette année marquée par les élections européennes, trois sujets ont été proposés:

  • la mutualisation des capacités de défense conduira-t-elle à une armée européenne?
  • les régions et l’Europe, contre les États?
  • les élections européennes: vers une politique paneuropéenne?

La crise économique et financière a contraint les États européens à réduire leurs budgets consacrés à la défense, et à mutualiser certaines activités. L’industrie de la défense, fédéralisée dans certains cas, concurrentielle dans d’autres, représente un enjeu de bassin d’emploi pour les États, la standardisation du matériel a été effectuée sur les critères de l’OTAN, mais nombre d’États considèrent encore ce secteur comme un domaine de souveraineté.

Les étudiants ont étudié les avancées en matière de mutualisation des capacités de défense, d’un point de vue politique et non technique, en analysant les freins à lever pour permettre à une armée européenne effective de voir le jour, sans occulter le lien avec les diplomaties nationales et européennes. La réunion du Conseil Européen de décembre 2013 portait notamment sur la Politique de sécurité et de défense commune, et la crise en Ukraine révèle une fois de plus la pertinence d’une réflexion sur une défense européenne.

Concernant les régions et l’Europe, depuis les débuts de la construction européenne, les fonds européens participent au développement économique et social des régions, le statut des langues régionales a fait l’objet d’un avenant aux traités fondateurs de l’Union européenne… De nombreux États sont réticents à un approfondissement de l’intégration, alors que les régions y sont favorables et y voient un moyen d’émancipation. Le morcellement régional (Écosse, Catalogne, etc.) favorisera l’intégration politique de l’UE ou, a contrario, son atomisation?

Par une étude comparative de différentes régions européennes, aspirant au statut d’État ou de gouvernement autonome, les étudiants ont analysé le lien de ces régions à leur gouvernement national et à l’Europe, sous le prisme de l’intégration et la perspective des referendums en Ecosse et en Catalogne (respectivement en septembre et novembre 2014), la campagne des élections européennes étant déjà un premier round pour les indépendantistes.

Enfin, les étudiants du projet « les élections européennes: vers une politique paneuropéenne? » rendront une étude écrite. Après une première partie descriptive sur le Parlement européen, son rôle et ses compétences, la partie centrale de l’étude a examiné la campagne pour les prochaines élections européennes dans plusieurs pays européens, à partir d’interviews avec des hommes politiques, journalistes, experts et personnalités impliquées dans la campagne. Cette étude vise notamment à élucider les principaux thèmes mis en avant à l’occasion de la campagne, la mobilisation engendrée par celle-ci et son rôle dans le débat politique national. En comparant les différents pays considérés, les étudiants se sont efforcés de tirer des conclusions générales quant à l’émergence d’un débat et de thématiques politiques proprement européennes.

Les étudiants de ces trois projets collectifs présenteront leurs travaux

le vendredi 16 mai, de 17h à 20h
dans l’amphi Jean Moulin, 13 rue de l’Université,

venez débattre d’Europe avec eux!

Thomas Mimra & Quentin Perret
Atelier Europe

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Photo: Parlement européen