Merkel, Tsipras, Adam and Eve

Chancellor Merkel faces a solitude Germans have known in the past. One that is quite familiar to the ongoing Greek problem. In the XVIIe century, Europe argued notably over « the Paradox of the Fortunate Fall« , i.e. Adam and Eve’s eating-the-apple-sin strikingly followed by the promise of redemption. Milton gave a powerful interpretation of that sequence in Paradise Lost (Chapter XII, 1667). Adam speaks here:

Full of doubt I stand,599px-Tizian_091
Whether I should repent me now of sin,
By me done or occasioned, or rejoice
Much more that much more good thereof shall spring —
To God more glory, more good will to men
From God — and over wrath Grace shall abound.

Catholic priests in France or in Italy gave explanations for the contradiction of Adam « rejoicing » for a sin paired with such a positive outcome: death for mankind but greater redemption through eternal Paradise. German priests saw this rewarding mechanism as irresponsible and dangerous. Many refused to mention it in their sermons.

Should Greece and Prime Minister Tsipras be rewarded today, in spite of their budgetary sins? A part of Europe seems to believe so. France, Italy, Spain, do not feel legitimate in sermonizing Greece as they also share the burden of a significant debt. French President François Hollande hailed the victory of Syriza while his Minister of Finance confessed a 4,4% deficit for 2014 a few days before. Where is this bankrupted self-congratulation taking us?

The Adam and Eve lesson that evil necessarily turns into good has a certain mystical charm, yet today’s economy plays by different rules: interest rates, growing deflation, loss of influence. We need Germany’s moral resilience to remind us of Europe’s need for fiscal responsability and at the same time we should recognize that Greek families have paid a price for their mistakes those past two years: families lost between 25% and 40% of their monthly revenue, inflation spiked, unemployment rose to 30%.

That social shock is harsh. If debt could be alleviated over time, how far should we go in restructuring current austerity measures? Greeks may deserve some redemption but not Paradise.

 Michael Benhamou

Source: Wiki Commons

L’Europe s’invite à Hénin-Beaumont

En ce début 2015, l’Atelier-Europe sort des sentiers battus. Outre les traditionnels voyages dans les capitales européennes, nous avons en effet décidé cette année de parcourir notre propre pays, pour rencontrer mieux nos compatriotes, et confronter notre regard sur l’Europe avec celui de nos contemporains dans les régions.

Label_anglaiseA mi-chemin de Paris et de Bruxelles, donc, après avoir consulté les statistiques des plus faibles participations aux élections européennes (38,5 % en l’occurence), nous nous rendions, ce 15 janvier au soir, en la noble ville de Hénin-Beaumont (27.000 habitants). Quoi de plus stimulant pour nous que ce bout de Nord-Pas-de-Calais au passé illustre (la vie des charbonnages) mais à l’économie difficile (seulement 40% d’actifs aujourd’hui), au symbole frappant (le résultat des dernières municipales) mais aussi aux anecdotes glorieuses (en 1870, Hénin fut la seule ville de France défendue avec succès par ses habitants contre les armées allemandes).

Notre débat sur l’Europe se déroule dans un café au look irlandais (merci le traité de Lisbonne) et dénommé « Label anglaise » (merci le référendum britannique de 2017). Nous voilà au cœur du sujet.

L’un des beaux moments dans un débat est toujours celui où les participants quittent le terrain du déjà-vu et des postures pour donner leur avis personnel. Or c’est bien ce que nous avons vécu dans ce mémorable café, nous cinq (Jérôme, Michaël, Raphaël, Quentin et Emmanuel) et la petite vingtaine de personnes venues nous rejoindre. Un grand merci à Bernard, notre guide, notre intermédiaire, qui nous présentait à cette assemblée, non d’ailleurs sans nous avoir fait visiter la ville peu avant.

Un vrai débat interpersonnel, donc, où nous avons pu délaisser « ce que les médias disent de l’Europe » (en mal, forcément) pour aller vers « ce que nous ressentons et ce que nous voudrions qu’elle soit ». Le débat fut largement dominé par les questions économiques et sociales et peu, ou pas, finalement, par les questions migratoires dont on aurait pu croire qu’elles soient ressenties dans le Nord. Bruxelles est-elle « la pire des oligarchies », comme on l’a entendu brièvement, ou un projet « jamais vu sur la terre, et dont on peut être fier » ? Faut-il accuser l’Europe de ce qu’elle ne fait pas (elle n’a pas sauvé les charbonnages, par exemple) ou espérer qu’elle fasse plus (pour la jeunesse, par exemple). Une Europe fiscale et sociale nous manque, oui, conviennent les participants. Mais n’est-ce pas alors qu’il nous faut plus d’Europe ?…et si c’est le cas, de quel type  : une « Europe politique » ou une Europe confédérée ? je vous laisse imaginer la suite !

Toutes les questions, certes, n’ont pas trouvé leur réponse dans ce café de la place Wagon à Hénin. Mais le déplacement, pour nous autres de Paris et de Bruxelles, en valait largement la chandelle. Un sentiment d’ouverture et de nouveauté. Merci, Héninois et Héninoises que nous avons pu croiser le temps d’une soirée ! La suite, dans une autre ville d’un tour de France qui ne fait que commencer.

Emmanuel Vivet

Café débat à Hénin Beaumont, le jeudi 15 janvier

Hénin-Beaumont_Hotel-de-VilleLe contexte émotionnel, mais aussi politique, lié aux récents évènements offre une opportunité rare de discussion sur les sujets de fond, telle la dimension européenne des préoccupations courantes, laquelle est seulement évoquée, non sans intérêt partisan, lors des élections quinquennales. Nous voulons discuter, sans fard, les interrogations de citoyens pour que vive enfin le débat, et nous invitons les médias à s’y associer.

L’Atelier Europe, think-tank indépendant créé en 2005 et visant à promouvoir un débat public sur l’action de l’UE, organise à cet effet un café débat à Hénin Beaumont.

L’objet de cet évènement est un échange entre des experts et des citoyens dans un cadre chaleureux et dans un territoire où la dimension européenne suscite au mieux l’indifférence, au pire le rejet comme en atteste le succès de formations anti UE aux dernières élections.

Les thématiques principales seront l’emploi (la ville connaissant un taux de chômage de 25% de chômage et 43% de la population ayant moins de 30 ans) et la sécurité (notamment après le drame de Charlie Hebdo), les deux étant considérés aussi sous l’angle migratoire.

Le débat se tiendra jeudi 15 janvier 2015 à 20h à Label Anglaise, 171 Place Wagon à Hénin-Beaumont.

 

Jérôme Cloarec

Source: Wikicommons

Ni martyrs, ni héros. Libres.

Je-suis-charlie-640Nous souhaitons nous associer au deuil des proches des victimes du massacre perpétré à la rédaction de Charlie Hebdo. L’émotion, la colère dispute à la tristesse, nous saisit contre cette barbarie. A l’Atelier, nous contribuons, modestement, au débat d’idées et nous sommes révoltés que des Hommes puissent en payer le prix de leur vie, y compris dans notre pays pacifié.

Car au-delà du drame personnel, c’est bien l’agression la plus brutale contre un fondement de notre République, la liberté d’expression, qui a été perpétrée. La presse a longtemps été surveillée par les autorités, on se souvient également de drames comme l’assassinat du directeur du Figaro en 1914 par Madame Caillaux, la femme du Ministre des finances, lequel était l’objet d’une campagne de dénigrement du même journal. Mais jamais, dans notre pays, des civils ont tenté d’anéantir physiquement une rédaction. On ne peut pas donner des coups de fusil aux idées, disait Rivarol, mais nous savons aussi qu’on peut abattre ceux qui les portent et leur institution, car Charlie Hebdo était bien, à sa décharge, une institution en tant qu’incarnation de l’esprit libertaire si propre à notre Nation.

Notre premier devoir est de nommer cette nouvelle menace pour notre démocratie. Nous espérions que les idéologies totalitaires étaient mortes avec le siècle, mais la montée de mouvements non étatiques violents et utilisant le fondamentalisme religieux comme arme politique, nous oblige à repenser notre mode de défense. Il faut saluer en ce sens le travail de nos forces de sécurité et tous les moyens nécessaires doivent être apportés pour qu’elles puissent remplir leur mission, dans le respect du droit. Il faut aussi redoubler de fermeté et pratiquer la tolérance zéro contre toute forme d’atteinte à nos valeurs, le relativisme n’ayant pas de place dans ce combat.

Il n’y aura pas de victoires ou de coups d’éclats définitifs contre cette menace. C’est hélas un processus long dans lequel nous sommes engagés. La tempérance est force, nous devons nous garder de discours haineux ou agressifs, de fustiger telle ou telle composante de la Nation, ce serait faire honneur à nos ennemis qui souhaitent nous diviser. On connaît le traquenard, comme dans les vieux bouquins de stratégie militaire : la guérilla ou l’image de la puce et du chien, quand de petites factions agissant sporadiquement sèment la terreur avec pour stratégie de déstabiliser un État. Au contraire, ce qui fait la force des démocraties, qui l’ont toujours emporté face à leurs ennemis, c’est la cohérence collective.

Au-delà de la réponse sécuritaire et des discours, nous devons collectivement nous rapproprier la politique, au sens de la discussion et de la participation à la décision publique. Pour ce sujet, comme pour d’autres, le désintérêt croissant pour la politique, le désenchantement aussi créent les conditions de notre faiblesse car lorsque nous transigeons, par petits renoncements à nos valeurs communes, le pluralisme d’expression, la laïcité, la liberté sous toutes ses formes contre les atteintes physiques mais aussi morales, des discours haineux comme du monolithisme du politiquement correct, nous menaçons alors les fondements mêmes, et donc la pérennité de notre République.

Nous sommes tristes aujourd’hui, mais nous sommes sereins, confiants en la force de notre démocratie, française mais aussi européenne car ce combat de civilisation ne peut se faire qu’à l’échelle continentale. C’est aussi avec gravité que nous recevons cet attentat car une fois de plus dans sa vielle histoire, notre pays paie le tribut de son engagement à l’avant front, à Paris comme partout dans le monde, pour la liberté. Sur les théâtres d’opérations comme en France, on veut nous décourager d’agir mais c’est précisément en restant fidèles à nous-mêmes et à nos valeurs, qu’à nouveau nous surmonterons l’épreuve. Libres.

Poésie des organigrammes : le collège se plie en 7

Avez-vous remarqué comme la presse relate les Conseils européens mais jamais les réunions du Collège des commissaires? Pourquoi ne parle-t-on jamais de l’organe suprême de la Commission?

Le président Juncker, semble-t-il, a décidé de s’attaquer au fonctionnement interne du Collège, et les organigrammes que l’on trouve sur le site de la Commission donnent une idée de la révolution qui vient de se produire au Berlaymont. Nous disons: tant mieux!

Le problème était que dans sa forme « barrosienne », le Collège n’est réputé ni pour ses débats internes, ni inversement pour son unité. On écoute le président ou les commissaires, pas le débat. La Commission n’est guère collégiale. Ces dernières années, avec les élargissements successifs, c’est même plutôt la dérive gouvernementale de l’institution qui a été constatée. Continuer la lecture de « Poésie des organigrammes : le collège se plie en 7 »