Communication de l’UE et élections européennes: quels enseignements des campagnes précédentes pour le scrutin de 2024 ?

Par Michaël Malherbe, Secrétaire Général, Atelier Europe

Alors que les prochaines élections européennes en juin 2024 suscitent déjà l’intérêt des observateurs, il est intéressant de réfléchir aux leçons à tirer des précédents scrutins. Analyser les campagnes de communication antérieures du Parlement européen pourrait permettre de mieux appréhender les dynamiques d’opinion et de communication au cœur du jeu institutionnel européen.

DÉCRYPTER LES SÉQUENCES DES CAMPAGNES DE COMMUNICATION
DU PARLEMENT EUROPÉEN A L’OCCASION DES ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Quoique l’exercice de se porter sur le passé puisse paraître plus aisé que celui de se projeter dans le futur, la démarche n’en demeure pas moins délicate dans la mesure où il faut évaluer des actions de communication datées. En effet, il s’agit de reconstituer les contextes d’opinion de l’époque ainsi que de recomposer les récits faisant appel à la fois aux faits relatifs à ces campagnes et aux diverses stratégies et outils de communication. En décryptant les séquences des campagnes passées, nous pourrons tirer des enseignements pertinents pour 2024.

2009 : « A vous de choisir » : une communication plus tactique autour du « buzz game » que stratégique

En 2009, le Parlement européen, selon son communiqué à la presse, « lance sa première campagne de communication paneuropéenne, en vue de mobiliser 375 millions d’électeurs dans 27 pays ». Considérons donc cette « première » comme notre point de repère initial, d’autant plus intéressant que la finalité – la participation électorale – semble correspondre à ce qui pourrait apparaître comme l’objectif de communication le plus ambitieux et le plus légitime pour le Parlement européen parmi les trois registres d’objectifs informatifs, cognitifs et conatifs, ce dernier registre, le plus difficile pour toute action de communication, visant à faire changer les comportements.

Avec la signature « A vous de choisir », la campagne de communication se distingue d’une part par la faiblesse de son intention prescriptive : aller voter certes, mais aller voter ce que vous voulez, sous-entendu, le Parlement européen n’est pas là pour se mettre à la place des électeurs pour se forger une idée du choix à effectuer dans l’isoloir. D’autre part, la campagne paneuropéenne inédite se fait remarquer pour sa créativité très forte, qu’il s’agisse des moyens mis en œuvre pour attirer l’attention des médias et des citoyens avec des « coups » comme les “Eurostudios”, des sortes de « cahiers de doléance high tech » itinérants, mais surtout ce qui est passé en partie à la postérité, la logique du « buzz » autour de vidéos virales, comme la série « At the polling station » sans toutefois parvenir à combler le déficit d’animation partisane voire d’opposition idéologique de la campagne électorale.

En 2014, une communication plus politique : le « head game » du spin avec les Sptizenkandidaten

En 2014, l’état de l’opinion est très différent du précédent scrutin, l’Europe a vécu la crise économique, les tensions sur l’eurozone et l’opinion publique est beaucoup moins fertile à laisser pousser les racines de l’intégration européenne, sans faire germer des critiques et des déceptions. La campagne de communication du Parlement européen prend en compte ce contexte avec la signature « Cette fois-ci, c’est différent ».

Toute la difficulté consistera à construire un narratif et des preuves pour faire la démonstration que c’est définitivement bien différent. A plus d’un titre, cette campagne le sera. D’abord, dans ses finalités, l’injonction de la campagne en 2014 ne semble plus d’inciter les citoyens à participer au scrutin, comme lors de la précédente, et normalement de toutes les campagnes institutionnelles dans ce cadre, mais il s’agira bien plutôt d’assurer la promotion de l’institution du Parlement européen dans le jeu institutionnel bruxellois. Ensuite, dans ses moyens, la communication du Parlement européen repose sur un levier politique avec la vidéo « human-manifesto » dont le bloc marque final « Agir. Réagir. Accomplir. » semble tenter de poser un positionnement du Parlement européen, en tant qu’institution, bien loin des seuls enjeux du scrutin européen. Enfin, la volonté de montrer à quel point le scrutin de 2014 est différent conduira le Parlement européen à investir dans une démarche visant à sensibiliser les citoyens européens aux têtes de listes des partis politiques européens, les fameux Spitzenkandidaten, déduits du traité de Lisbonne, un pari institutionnellement risqué mais politiquement gagnant pour le Parlement européen, qui s’impose davantage dans le jeu institutionnel mais qui ne sera pas payant en revanche contre l’abstention.

La tentative d’un embryon de campagne électorale paneuropéenne et européo-centrée n’a pas réussi à mobiliser en masse ni le corps électoral, ni les grands médias, mais cette visibilité et cette dynamique n’a pas été totalement perdue pour le Parlement européen.

En 2019, une communication plus engagée tant avec le « air game » que le « ground game »

Entre 2014 et 2019, avec la Commission « politique » Juncker, l’action de l’Union européenne, en réponse aux nouvelles crises, évolue, s’incarne, se concentre en termes de storytelling sur quelques fils narratifs plus compréhensible comme le Brexit, la crise des migrants ou encore le plan d’investissement. Les citoyens européens, confrontés à une réalité plus dure, se projettent différemment dans la construction européenne, leurs attentes tant en matière d’intégration que de désintégration prennent des formes plus mainstream, parfois aussi plus menaçante, songeons notamment à la poussée de forces europhobes. La signature de la campagne du Parlement européen « Choisis ton futur » pose beaucoup plus clairement la problématique du scrutin européen, tandis que les arguments se font plus prescriptifs pour dessiner un choix de société, un choix civilisationnel, un choix proeuropéen assumé.

Engagée en faveur du projet d’intégration européenne pour la première fois, la campagne de communication du Parlement européen semble également changer de posture et d’attitude vis-à-vis des électeurs européens. Plutôt que d’investir exclusivement sur son auto-promotion ou celle des Spitzen, le Parlement européen privilégie une communication au service et en position de ressource pour les citoyens. Cet investissement, qui se traduit par des démarches telles que la plateforme civique « This Time, I’m Voting » pour fédérer une mobilisation de helpers désireux de partager à leurs proches leurs raisons de participer ainsi que le portail « What Europe Has Done For Me » qui rassemble des contenus pédagogiques, synthétiques, utiles pour savoir « ce que l’UE fait pour vous » et les réalisations du Parlement européen. Les résultats font dorénavant partie de l’histoire, puisque pour la première fois depuis le premier scrutin européen en 1979 la participation électorale s’améliore sensiblement.

Une campagne de communication résolument proeuropéenne et délibérément orientée vers le soutien aux citoyens – afin de répondre à leurs attentes, pour beaucoup, d’informations sur l’UE ainsi que pour certains, l’envie de se mobiliser – aura donc été vraiment payante.

Que faut-il retenir ? Chaque campagne à l’occasion des élections européennes est une opportunité pour le Parlement européen de se positionner sur un registre de communication, qui entre en résonnance avec le moment. En 2009, le partage d’un espace politique européen commun ; en 2014, le partage d’une scène politique européenne commune et en 2019, le partage d’une controverse politique commune Pro-Européens contre Europhobes. Reste à savoir ce qui nous réunira ensemble en 2024.

« Une Europe renforcée »

Une mise en perspectives des présidences française et tchèque du Conseil de l’UE.

Jérome Brouillet, Directeur de cabinet de Laurence Boone, Secrétaire d’Etat chargée de l’Europe et Michal Fleischmann, Ambassadeur de République tchèque en France.
Echange modéré par Aymeric Bourdin, président de l’Atelier Europe.

A l’occasion du traditionnel Petit déjeuner – débat au Sénat, le 17 novembre, l’Atelier Europe et le Mouvement Européen réunissaient Michal Fleischmann, Ambassadeur de République tchèque en France, et Jérôme Brouillet, directeur de cabinet de Laurence Boone, secrétaire d’Etat chargée de l’Europe.

L’occasion de revenir sur les enjeux et réalisations des présidences françaises et tchèques et d’en dégager les synergies. Nombreuses, celles-ci se sont manifestées par des priorités communes, qu’il s’agisse d’accroître la collaboration européenne en matière de souveraineté énergétique mais aussi numérique. Si la présidence française fût marquée par l’adoption du « Paquet climat », non sans difficulté, la République tchèque assure la relève et poursuivra le travail pour trouver des compromis entre membres de l’UE, déterminés à lutter au niveau européen contre le réchauffement climatique. Dans cette perspective, Jérôme Brouillet rappelle : « On sous-estime souvent la continuité entre les présidences » d’où l’importance ici, de souligner les défis mais aussi de célébrer la « fantastique unité » qui caractérise l’Union Européenne.

L’unité de l’Europe, comme le rappelle l’Ambassadeur, tient avant tout au compromis. Se mettre d’accord est au cœur du processus européen, et représente la clef pour une Europe souveraine. La notion de souveraineté, chère à la France, a d’ailleurs donné lieu à un développement philosophique, Jérôme Brouillet replaçant le concept dans son développement historique pour finalement retenir comme définition « la capacité de l’Europe à adopter ses propres lois et à se doter des moyens pour les faire respecter ».

Enfin, la réponse européenne à l’agression russe en Ukraine fait office de fil conducteur entre les deux présidences du conseil de l’UE. Cet événement a bousculé les priorités des uns et des autres, se hissant au rang de préoccupation première, tout en essayant, pour les deux Etats, de ne pas éclipser les sujets qu’ils souhaitaient mettre à l’agenda. La malheureuse expérience de la guerre en Ukraine aurait pu diviser l’Europe, c’est ce que les Russes souhaitaient, indique Monsieur Fleischmann. Mais il n’en n’est rien, c’est bien l’unité dans la condamnation et dans la réponse qui a brillé. En guise d’avertissement, il rappelle que l’Etat de droit est à la fois essentiel et fragile, aujourd’hui menacé et attaqué. La position tchèque est sans équivoque et poursuit alors les réponses entamées sous présidence française : soutenir les Ukrainiens et sanctionner les responsables.

Pour conclure les interventions sur une note plus positive, aujourd’hui plus que jamais, l’Union Européenne souhaite remettre au cœur de son existence le lien fort entre citoyens et institutions. Ces derniers ont parfois évoqué lors des questions le vote à la majorité simple comme levier d’efficacité de la politique européenne. A ce propos, Monsieur Fleischmann a pu dessiner la position de la République tchèque : « La plupart des décisions qui se prennent dans l’UE sont déjà votées à la majorité simple. Il y a tout de même des désaccords entre les pays. La République Tchèque est ouverte au vote à la majorité simple. Toutefois il faut qu’on puisse avoir une garantie de s’opposer à certaines décisions lorsque celles-ci touchent à notre souveraineté. » Une piste pour la Suède, qui prendra la présidence du Conseil de l’UE le 1er janvier ? En tout cas, une question qui s’inscrira dans l’ambition commune du trio de présidences : protéger les citoyens et les libertés, en remettant au cœur du projet européen les valeurs communes, en gardant la boussole stratégique de l’Union et en renforçant les moyens de coopération.

-Lisa Despinasse

A Prague se prépare une Présidence « trait-d’union » pour l’Union européenne  

A partir du 1er juillet, la République tchèque assurera la présidence du Conseil de l’UE.

Prenant la suite de la France, ce sera au tour de ce pays d’Europe centrale d’accueillir les réunions et de tenir l’ordre du jour des conseils des ministres de l’Union européennes jusque fin 2022.

Ce sera la deuxième fois que Prague assure la présidence du Conseil de l’UE. En 2009 déjà, cinq ans après son accession à l’UE, le pays avait joué le rôle de chairman des réunions du Conseil des Ministres européens. A l’époque, les citoyens tchèques s’étaient impliqués dans les débats politiques que cela avait suscité. Aujourd’hui, il semble que les six mois à venir se traduisent majoritairement par des activités diplomatiques, sans que la population vive cette mise en avant de leur pays avec enthousiasme.

Pour autant, la présidence est attendue avec intérêt par la sphère intellectuelle et médiatique car elle est toujours une occasion de retrouver le sens de l’appartenance du pays au « club » européen. Par ailleurs, depuis le Brexit, la République tchèque cherche de nouveaux partenaires en Europe de l’Ouest. Nul doute que le passage de relai avec la France soit l’occasion de poser les jalons de liens plus durables. A quelques semaines du passage de relai, les principales priorités attendues sont notamment et sans surprise la Refondation de l’Ukraine, la sécurité énergétique, les Balkans occidentaux, la Boussole stratégique, la cybersécurité avec notamment l’identification électronique.

Un contexte international particulier

Avec l’attaque russe sur l’Ukraine le 24 février, la série d’événements inattendus ont nécessité de mettre à jour le programme du trio de présidences et notamment les règles du Plan de relance.

En effet, la guerre en Ukraine a réorienté les préoccupations européennes, qui se sont tournées vers la gestion de crise et la reconstruction à venir. En République tchèque, 300 000 réfugiés ukrainiens, dont la majorité de femmes et d’enfants sont arrivés depuis le mois de février. Un défi pour le pays, qui n’est pas habitué à la gestion de flux migratoires sur son sol. Prague doit en effet organiser logement et scolarisation, tout en ayant perdu une main d’œuvre ukrainienne précieuse, les hommes ayant quitté le pays pour rejoindre les rangs de l’armée de Kiev.

Au-delà de son cas particulier, la République tchèque devra donc animer les travaux européens sur le sujet, avec notamment comme ambition d’arriver à une position commune envers la Russie et l’Ukraine.

Des enjeux multiples à moyen et long terme

Si le trio de présidences Française, Tchèque et Suédoise s’est donné pour objectif de faire avancer de nombreux dossiers visant à promouvoir les intérêts et valeurs de l’Europe dans le monde, il va sans doute falloir adapter ce programme d’un an et demi à la donne géopolitique actuelle.  L’objectif initial d’organiser une politique industrielle ambitieuse pour l’avenir afin de réduire les vulnérabilités dues aux dépendances stratégiques de l’Union vis-à-vis de pays tiers va devoir intégrer les enjeux très concrets de la perturbation des chaines de valeur internationales par le COVID 19 et la guerre en Ukraine. Pour autant, le projet de rendre l’industrie européenne plus durable, plus verte, plus compétitive au niveau mondial et plus résiliente à moyen et long terme sera sans doute appuyé par la nécessité de transformer les infrastructures existantes, notamment en matière d’accès à l’énergie.

Des priorités ajustées

C’est le propre des présidences tournantes de devoir composer entre un programme de long terme élaboré sur un an et demi et la prise en compte d’impératifs conjoncturels. Ainsi la présidence française de 2008 avait-elle dû faire face à la crise financière et à la crise géorgienne. Celle de 2022 a dû gérer les conséquences de la crise du COVID et la guerre en Ukraine, tout en déroulant un agenda législatif et réglementaire dense.

Marché unique numérique, Mesures Energie et climat, Boussole stratégique… Les avancées majeures négociées avec le Parlement Européen et la Commission ne manquent pas.

Pour la République Tchèque la présidence portugaise de 2021 semble être le niveau d’exigence à atteindre. Consciente que le leadership en Europe reste malgré tout Franco-Allemand mais tout en ayant besoin de fluidité, Prague se positionne comme facilitateur pour faire le lien entre Paris et Berlin à un moment où des enjeux concrets comme la sécurité énergétique mise à mal par le conflit en Ukraine préoccupent à des titres divers les Vingt-sept.

Aymeric Bourdin

Le Portugal, en charge de la présidence du conseil de l’UE jusqu’au 1er juillet

par Aymeric Bourdin, Alexis de Chaisemartin, Ophélie Derlon , Rolland Mougenot, Pierre-Emmanuel Saint Esprit, Isa Schulz et Victor de Vilmorin

Le Portugal, une géographie qui oriente son développement vers l’Atlantique

Situé à l’extrême Sud-Ouest de l’Europe, le Portugal est l’un des pays les plus isolés géographiquement d’Europe ayant comme voisin unique l’Espagne avec qui ils partagent la péninsule Ibérique. Avec moins de 100 000 km², le Portugal est doté de ressources naturelles limitées

Un double orientation géopolitique façonnée par l’histoire

Historiquement, le Portugal a toujours refusé de se rapprocher de l’Espagne et donc indirectement de l’Europe. La géopolitique du Portugal s’est donc faite par la mer. Le Portugal rejoint l’OTAN en 1949 et possède des relations très fortes avec ses anciennes colonies notamment l’Angola, le Brésil et le Mozambique. Cependant, depuis la fin de la dictature en 1974 et de la décolonisation, le pays a complétement changé de perspectives géopolitiques et s’est rapproché naturellement de l’Europe.

Le développement Européen au service du développement économique

En 1986, le Portugal qui intègre la CEE est un pays pauvre, dévasté par la dictature. Moderniser le pays est alors une nécessité. L’intégration Européenne est un levier de croissance formidable et le pays s’enrichit rapidement.

Le Portugal est une république fondée sur une démocratie parlementaire

La Constitution établie un régime dit « semi-présidentiel ».Le président est le chef de l’État et le commandant en chef de l’armée. Il est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Après une élection générale, le chef du parti ou de la coalition majoritaire est généralement nommé Premier ministre par le président, pour un mandat de quatre ans. Le pouvoir législatif au Portugal est monocaméral. Le parlement, appelé Assemblée de la République, compte 230 sièges. Ses membres sont élus au suffrage universel pour un mandat de quatre ans.

Contexte politique actuel

En octobre 2019, le peuple portugais a voté aux élections générales, qui ont vu la confirmation du Parti socialiste du Premier ministre en exercice Antonio Costa comme la principale entité politique du pays avec 36% des voix (obtenant un total de 108 sièges, 22 de plus que lors des élections précédentes), suivi du Parti social-démocrate (79 sièges) et du Bloc de gauche (19 sièges). 

Intégration du Portugal dans l’économie européenne

Le Portugal est devenu membre de la Communauté européenne en 1986. Le pays a rejoint l’Union Economique et Monétaire en 1999 et a commencé à faire circuler l’euro dès sa création le 1er janvier 2002. Aujourd’hui, la grande majorité du commerce international se fait au sein de l’Union Européenne (UE), en particulier avec l’Espagne (30% des importations de produits 2018, 23% des exportations de produits), l’Allemagne (13%, 12%) et la France (7%, 13%).

2008-2014 : La grande crise financière

À la suite de l’effondrement et de la nationalisation de la Banco Português de Negócios (BPN) en 2008, de la faillite et de la dissolution de la « Banco Privado Português » (BPP) en 2010 et du dérapage budgétaire avec les Partenariats Public-Privé de 2008 à 2010, le Portugal était au bord de la faillite. Pour l’éviter, le Portugal a reçu un renflouement de 78 milliards d’euros du FMI et de l’Union Européenne en avril 2011.

Au terme du paquet de soutien voté en mai 2014, le gouvernement portugais a réaffirmé son engagement à poursuivre sa réforme économique. Depuis lors, l’économie s’est redressée avec des taux de croissance annuels du PIB réel supérieurs à la moyenne de l’UE, alimentés par le tourisme et les exportations.

2020 : La crise du covid

La dépendance du Portugal au tourisme l’a rendu particulièrement vulnérable à l’impact économique du coronavirus. Comptant pour 15% du PIB et 9% de l’emploi, le secteur s’attend à perdre 60 000 emplois cette année.

Perspectives

Le Portugal devrait recevoir 13 milliards d’euros de subventions du fonds de relance de l’UE (6% du PIB 2019) d’ici 2026. Toutefois, il n’exploitera pas sa composante « prêt » pour éviter d’augmenter davantage la dette publique. La banque centrale portugaise prévoit un rebond en 2021 à 3,9% de croissance et s’attend à ce que l’économie retrouve progressivement son niveau d’avant la pandémie d’ici 2023.

Le système éducatif portugais

Contrairement à une partie de leurs aînés qui quittaient l’école jeune pour s’engager comme ouvrier agricole ou industriel, au Portugal ou en France par exemple, les enfants et adolescents portugais d’aujourd’hui doivent obligatoirement suivre un cursus scolaire de 6 à 18 ans (suite à une réforme de 2009). Les résultats du Portugal dans les classements PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) successifs sont encourageants et méritent d’être soulignés.

Un enseignement post-secondaire diversifié, proposant, outre les cursus universitaires, un parcours pour former les futurs cadres ainsi que des parcours distanciels. Une nouvelle offre de formation professionnalisante a été mise en place il y a quelques années, il s’agit des Cours de spécialisation technologique « Cursos de Especialização Tecnológica » (CET). C’est la réponse apportée aux besoins croissants du tissu socio-économique portugais en matière de cadres intermédiaires.

Le levier européen en recherche et innovation

Le Portugal investit 1,3% de son PIB en Recherche & Innovation (R&I), contre 2,1% en moyenne dans l’U.E, le plaçant en 14ème place dans l’Union. 31% de sa main d’œuvre travaille dans un emploi « intense en savoir », légèrement moins que la moyenne de l’UE (36%). Le Portugal est également 11ème sur 28 en nombre de chercheurs par habitant.

Dans ce contexte, les 3,4 milliards d’euros reçus via Horizon 2020 (1 milliard) et les fonds structurels (2,3 milliards) représentent à la fois un apport substantiel à l’effort en recherche et innovation et un vecteur d’accélération des coopérations scientifiques et privées avec des organisations d’autres pays membres à la pointe de leur domaine.

Aperçu global de l’Innovation au Portugal depuis 2015

Il y a une baisse régulière du nombre de startups créées entre 2015 et 2020, à cause des barrières d’entrée sur le marché, des tendances de recrutement en entreprise et du COVID-19. Lisbonne (67,02%), Porto (7,45%) et Braga (7,27%) sont les principaux pôles d’innovation, Lisbonne comptant plus de 20 établissements d’enseignement supérieur tandis que Porto en compte plus de 15. Les 3 principales industries ayant le plus grand nombre de startups sont le e-commerce et les achats (15,20%), les technologies de l’information et les logiciels (12,31%) ainsi que les applications et mobiles (9,12%). Le nombre de nouvelles entreprises dans les TIC ayant presque doublé au cours des 10 dernières années montre l’engouement du pays pour sa transformation digitale.

Financement de l’innovation au Portugal 

En 2018, 40.6% des financements en R&D provenaient du Gouvernement. Les startups ont levé plus de 2 milliards de dollars entre 2015 et 2020. La majorité de ce financement provenait de sources externes (92%). Même si la pandémie a eu un impact négatif sur plusieurs industries, les startups du secteur des logiciels d’entreprise, du marketing et de la publicité ont connu une augmentation de financement. Le gouvernement a produit un nouvel ensemble de mesures de secours économique d’un montant de 25 millions d’euros afin de soutenir l’Innovation face à la crise de Covid-19.