Juncker, et ensuite?

Le Conseil européen ayant proposé le Jean-JunckerClaude Juncker à la présidence de la Commission européenne, cette question est aujourd’hui réglée puisque le Parlement a avalisé mardi 15 juillet ce choix sans difficulté, l’impétrant étant le choix des principales formations politiques qui y sont représentées.

Jean-Claude Juncker n’a pas le charme de la nouveauté, comme s’est plu à le rappeler David Cameron. Mais il n’en reste pas moins l’un des meilleurs prétendants à ce poste: expérimenté, doté de réelles convictions pro-européennes et fédéralistes, fin connaisseur de la machine européenne, polyglotte, etc. Rares étaient ses concurrents capables d’aligner autant d’atouts.

Est-ce à dire que la bataille des postes est désormais réglée? Continuer la lecture de « Juncker, et ensuite? »

Les projets collectifs du Master Affaires européennes, cuvée 2014

1024px-Entree_scpoDepuis 2009, l’Atelier Europe accompagne les étudiants du Master Affaires européennes de Sciences Po Paris dans la réalisation de leurs projets collectifs. Les sujets proposés chaque année s’inscrivent dans le débat politique européen, et permettent aux étudiants de mener une réflexion de fond en équipe, de la confronter avec des experts institutionnels, académiques et du secteur privé.

Les productions, documentaire audiovisuel ou note d’analyse, ont été présentés lors d’une soirée à Sciences Po organisée le 16 mai dernier et sont ensuite publiées sur les sites web de Sciences Po et de l’Atelier Europe, afin de valoriser le travail accompli et apporter la contribution des étudiants au débat européen. Nous les félicitons pour le travail accompli.

Pour cette année marquée par les élections européennes, trois sujets ont été retenus :


1) La mutualisation des capacités de défense conduira-t-elle à une armée européenne ?

La crise économique et financière a contraint les États européens à réduire leurs budgets consacrés à la défense, et à mutualiser certaines activités. L’industrie de la défense, fédéralisée dans certains cas, concurrentielle dans d’autres, représente un enjeu de bassin d’emploi pour les États, la standardisation du matériel a été effectuée sur les critères de l’OTAN, mais nombre d’États considèrent encore ce secteur comme un domaine de souveraineté.

Romane Audras, Charles Goislard de Monsabert, Carole Moyne, Jihye Kang et Friederike Richter ont étudié les avancées en matière de mutualisation des capacités de défense, d’un point de vue politique et non technique, en analysant les freins à lever pour permettre à une armée européenne effective de voir le jour, sans occulter le lien avec les diplomaties nationales & européennes. La réunion du Conseil Européen de décembre 2013 portait notamment sur la Politique de sécurité et de défense commune, et la crise en Ukraine révèle une fois de plus la pertinence d’une réflexion sur une défense européenne.

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L’Europe de la Défense from Atelier Europe on Vimeo.
2) Les régions et l’Europe, contre les États ?

Concernant les régions et l’Europe, depuis les débuts de la construction européenne, les fonds européens participent au développement économique et social des régions, le statut des langues régionales a fait l’objet d’un avenant aux traités fondateurs de l’Union européenne… De nombreux États sont réticents à un approfondissement de l’intégration, alors que les régions y sont favorables et y voient un moyen d’émancipation. Le morcellement régional (Ecosse, Catalogne, etc.) favorisera l’intégration politique de l’UE ou, a contrario, son atomisation ?

Par une étude comparative de différentes régions européennes, aspirant au statut d’État ou de gouvernement autonome, Alice Colombo, Laurie Croze, Maxime Delattre, Julian Gopffarth et Niccolo Ruben Pagani ont analysé le lien de ces régions à leur gouvernement national et à l’Europe, sous le prisme de l’intégration et la perspective des referenda en Écosse et en Catalogne (respectivement en septembre et novembre 2014), la campagne des élections européennes étant déjà un premier round pour les indépendantistes.

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Le résumé en anglais:

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3) Les élections européennes : vers une politique paneuropéenne ?

Enfin, Alessandra Cardaci, Scott Magalich, Paula Rettl Ferreira Santos et Marlène Schüsseler du projet « les élections européennes : vers une politique paneuropéenne ? » ont rendu une étude écrite. Après une première partie descriptive sur le Parlement européen, son rôle et ses compétences, la partie centrale de l’étude a examiné la campagne pour les prochaines élections européennes dans plusieurs pays européens, à partir d’interviews avec des hommes politiques, journalistes, experts et personnalités impliquées dans la campagne. Cette étude visait notamment à élucider les principaux thèmes mis en avant à l’occasion de la campagne, la mobilisation engendrée par celle-ci et son rôle dans le débat politique national. En comparant les différents pays considérés, les étudiants se sont efforcés de tirer des conclusions générales quant à l’émergence d’un débat et de thématiques politiques proprement européennes.

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Le résumé en français:

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Thomas Mimra & Quentin Perret

Photo: Wikimedia

L’autre 9 mai à Kiev

L’Ukraine est aujourd’hui plongée dans une situation inextricable qui laisse les citoyens perplexes, voire désemparés, malgré la fierté d’avoir exprimé fortement leur volonté contre un pouvoir élu mais corrompu. Comme les Indignés à l’Ouest, mais avec une intensité sans commune mesure et dans un contexte très différent, les révoltés de Kiev ont apporté leur propre réponse à la crise du système représentatif et à l’introduction longtemps théorique mais aujourd’hui pressante d’éléments de démocratie directe.

kievRevenons à Kiev. Situation étrange où le témoignage d’une révolution se résume à une seule place, cette Maïdan devenue star médiatique et dont la vie singulière se perpétue dans un fatras de guérilla urbaine, mais curieusement bien agencé, et grâce à quelques irréductibles dont on ne sait si ce sont les vrais héros des journées meurtrières ou de vagues figurants venus chiper les derniers restes de gloire. En treillis ou en tenue cosaque, l’effet est assuré pour le touriste de l’information mondialisée. Kiev est calme, étale comme le Dniepr, et la douceur trompeuse de ce mois de mai ne laisse guère imaginer que le destin territorial du pays est aujourd’hui entre les mains de factions qui ressuscitent le spectre des pratiques totalitaires: scrutins biaisés, désinformation, intimidations et système de peur généralisée.

Une interrogation prédomine à Kiev, comment ce pays historiquement dual, européen (« nous ne laisserons personne d’autres que nous-mêmes, pas même l’UE, juger de notre identité européenne que nous ressentons profondément », nous a-t-on affirmé avec émotion) mais aussi russophone/phile non seulement à l’Est et au Sud mais dans une forme d’imbrication historique, a pu évoluer en quelques mois d’une relative sérénité à une situation sécessionniste? L’affaire ukrainienne est un des nombreux ersatz de l’histoire européenne, celle d’un continent atomisé où les dominants jouent leur avantage sans considération des petits pays ballotés et écrasés. L’UE s’est précisément construite après l’échec du système metternichien d’équilibre des puissances qui fut non seulement néfaste pour ces petits États mais in fine un jeu à somme nulle pour tous où les puissants finissent par s’affronter, menaçant ainsi l’ensemble du continent.
Continuer la lecture de « L’autre 9 mai à Kiev »

Les projets collectifs au cœur des élections européennes!

plenaryDepuis 2009, l’Atelier Europe accompagne les étudiants du Master Affaires européennes de Sciences Po dans la réalisation de leurs projets collectifs. Les sujets proposés chaque année s’inscrivent dans le débat politique européen, et permettent aux étudiants de mener une réflexion de fond en équipe, de la confronter avec des experts institutionnels, académiques et du secteur privé. Les productions, documentaire audiovisuel ou note d’analyse, sont publiées sur le site web de Sciences Po et du think tank Atelier Europe, afin de valoriser le travail accompli et apporter la contribution des étudiants au débat.

Pour cette année marquée par les élections européennes, trois sujets ont été proposés:

  • la mutualisation des capacités de défense conduira-t-elle à une armée européenne?
  • les régions et l’Europe, contre les États?
  • les élections européennes: vers une politique paneuropéenne?

La crise économique et financière a contraint les États européens à réduire leurs budgets consacrés à la défense, et à mutualiser certaines activités. L’industrie de la défense, fédéralisée dans certains cas, concurrentielle dans d’autres, représente un enjeu de bassin d’emploi pour les États, la standardisation du matériel a été effectuée sur les critères de l’OTAN, mais nombre d’États considèrent encore ce secteur comme un domaine de souveraineté.

Les étudiants ont étudié les avancées en matière de mutualisation des capacités de défense, d’un point de vue politique et non technique, en analysant les freins à lever pour permettre à une armée européenne effective de voir le jour, sans occulter le lien avec les diplomaties nationales et européennes. La réunion du Conseil Européen de décembre 2013 portait notamment sur la Politique de sécurité et de défense commune, et la crise en Ukraine révèle une fois de plus la pertinence d’une réflexion sur une défense européenne.

Concernant les régions et l’Europe, depuis les débuts de la construction européenne, les fonds européens participent au développement économique et social des régions, le statut des langues régionales a fait l’objet d’un avenant aux traités fondateurs de l’Union européenne… De nombreux États sont réticents à un approfondissement de l’intégration, alors que les régions y sont favorables et y voient un moyen d’émancipation. Le morcellement régional (Écosse, Catalogne, etc.) favorisera l’intégration politique de l’UE ou, a contrario, son atomisation?

Par une étude comparative de différentes régions européennes, aspirant au statut d’État ou de gouvernement autonome, les étudiants ont analysé le lien de ces régions à leur gouvernement national et à l’Europe, sous le prisme de l’intégration et la perspective des referendums en Ecosse et en Catalogne (respectivement en septembre et novembre 2014), la campagne des élections européennes étant déjà un premier round pour les indépendantistes.

Enfin, les étudiants du projet « les élections européennes: vers une politique paneuropéenne? » rendront une étude écrite. Après une première partie descriptive sur le Parlement européen, son rôle et ses compétences, la partie centrale de l’étude a examiné la campagne pour les prochaines élections européennes dans plusieurs pays européens, à partir d’interviews avec des hommes politiques, journalistes, experts et personnalités impliquées dans la campagne. Cette étude vise notamment à élucider les principaux thèmes mis en avant à l’occasion de la campagne, la mobilisation engendrée par celle-ci et son rôle dans le débat politique national. En comparant les différents pays considérés, les étudiants se sont efforcés de tirer des conclusions générales quant à l’émergence d’un débat et de thématiques politiques proprement européennes.

Les étudiants de ces trois projets collectifs présenteront leurs travaux

le vendredi 16 mai, de 17h à 20h
dans l’amphi Jean Moulin, 13 rue de l’Université,

venez débattre d’Europe avec eux!

Thomas Mimra & Quentin Perret
Atelier Europe

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Photo: Parlement européen

Le FN et l’UE, l’argument du capitulard

UE capitulards

Les propositions sur l’Europe de Marine le Pen et de ses fidèles, d’une médiatique caricature, l’UE étant le contraire du cochon, tout y serait mauvais, sont d’un opportunisme crasse. Tout et son contraire se côtoie dans un foutoir programmatique, avec pour unique but de justifier l’imparable : la France sans l’UE serait sauvée de tous les maux. La profondeur de l’argument fait penser, l’humour en moins, au propos du conservateur Boris Johnson, alors candidat victorieux à la mairie de Londres : votez Tories et votre femme aura des seins plus gros !

L’euro est l’étendard de la contestation du bien-fondé de l’Union. L’euro surévalué serait la principale raison de nos difficultés économiques. Pourtant, la dévaluation compétitive n’a jamais été efficace sur la durée (cf en France dans les années 1980), l’avantage ainsi créé étant de court terme (en revanche cela fausse le jeu et cela perturbe les anticipations des acteurs, notamment des entreprises en matière d’investissement). Surtout, la majorité des échanges de la France sont en Europe, avec des partenaires qui partagent notre monnaie mais avec lesquels nous avons quand même perdu des parts de marché. Faute d’euro, l’existence probable d’une guerre monétaire à partir de 2008, précisément à coup de dévaluations compétitives, aurait eu des effets désastreux pour notre économie.
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