2013

Goddess AthenaL'équipe de l'Atelier Europe vous souhaite une belle année nouvelle, que 2013 soit le signe du renouveau européen dans un contexte difficile mais qui exigera précisément de nous le courage du rassemblement contre le défaitisme du repli.

 

Excellente année 2013 à tous!

In or out: getting the facts straight

EuroEurosceptics, and euro opponents, usually argue that euro area members would be so much richer had they not joined the common currency a decade ago. They often base their reasoning on comparisons with countries such as the UK, Denmark or Sweden, the three EU members which did not join the currency in 1999 and which are allegedly stronger economies than most Eurozone members.

Is that so?  Well, actually, not really. If we compare GDP growth between 1999 (creation of the euro) and 2010, it is correct to say that growth was stronger on average for Denmark, Sweden and the UK than for the twelve other members (1,8% vs. 1,5%, not weighted by GDP). But does such a comparison make any sense? What does it mean to compare Greece and Denmark, France and the UK…such different countries, which differ by so many more elements than a simple currency? Not much, any honest analyst would reply.

Assessing the euro impact means isolating the “euro factor” from other parameters, and therefore comparing countries which do not have the same currency, but which share a significant number of characteristics. For instance, no one would deny that Ireland and the UK have a lot in common : flexible labour laws, an appetite for free trade, a services-oriented economy…and so do Nordic countries such as Denmark and Finland: a flex-security model, a high level of public expenditures and homogeneous societies.

But in both cases, these countries do not share the same currency: euro vs. pound sterling or Danish crown. So this comparison makes sense: here we do not compare pears and apples, but different kinds of apples, which mostly differ by one parameter. And the results? Over the 1999-2010 period, Finland grew by 2,3% on average, against 1,1% in Denmark ; Ireland grew by 3,9% (a strong figure, which takes into account the severe slowdown of the crisis), and as for the UK, guess what, not even half of that (1,8%)

This certainly does not mean that these countries grew faster thanks to the euro. But this certainly undermines the very weak argument that the Eurozone grew slower because of the euro.

 

JG

Fédéralisme et diplomatie européenne au menu !

Congress_of_VeronaDans le cadre de son partenariat avec le Master affaires européennes de Sciences Po, l’Atelier Europe a proposé aux étudiants pour l’année universitaire 2012-2013 de s’intéresser à l’avenir de l’Union européenne.

En septembre dernier, onze ministres des Affaires étrangères européens, réunis sous le nom de groupe Westerwelle (Ministre allemand des Affaires étrangères) ont rendu un rapport sur le « Futur de l’Europe » et se sont engagés clairement pour un fédéralisme européen.
La France n’a rejoint cette enceinte informelle que tardivement, au lendemain de l’élection de François Hollande, et seulement à titre « d’observateur ».

À la lumière du rapport du groupe Westerwelle, qui aborde notamment l’influence de l’Europe dans le monde, et émet des propositions concrètes pour une plus grande intégration politique en Europe, nous avons retenu deux sujets de travail pour les étudiants de Sciences Po.

« Des traditions politiques nationales au fédéralisme »
Par une étude comparative d’au moins quatre pays de l’UE, les étudiants devront, après avoir défini le sens (et l’acceptation) du fédéralisme dans chacun des États étudiés, analyser l’évolution de ce concept / réalité politique au cours des dernières années, notamment le rôle de la crise dans la prise de conscience / rejet du fédéralisme.
Une deuxième partie de l’étude devra être plus prospective, et analyser les domaines sur lesquels une avancée fédérale aura un impact.
Quelle perpétuation de l’axe franco-allemand dans une logique fédérale ?
Quels abandons de souveraineté à moyen et long termes ?

« L’Europe et le monde : quelle politique étrangère pour l’Union européenne ? »
Le renforcement des moyens d’action extérieurs de l’Union européenne représente l’une des évolutions les plus caractéristiques de la construction européenne depuis 20 ans. Avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, l’UE s’est dotée d’un Service européen d’action extérieur (SEAE) dirigée par le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (actuellement Catherine Ashton) et fusionnant les fonctions de diplomatie autrefois réparties entre la Commission et le Conseil.
Toutefois, la politique étrangère et de sécurité demeure un domaine partagé avec les États membres, qui conservent chacun leur propre diplomatie, disposent de l’essentiel des moyens de défense, et dont l’accord, via le Conseil, est impératif pour valider les initiatives du Haut représentant. Il convient dès lors de s’interroger sur les modalités concrètes de la politique extérieure de l’UE : existe-t-il des intérêts et des objectifs spécifiquement européens ? L’UE dispose-t-elle d’ores et déjà d’une politique extérieure réellement autonome (si oui, quel est son domaine et quelles sont ses limites) ? Comment l’interaction réciproque des politiques extérieures de l’UE et des États membres peut-elle évoluer à l’avenir ?

Les étudiants présenteront leurs études en mai 2013 et verront leurs travaux publiés sur notre site.

Thomas Mimra
Quentin Perret
Responsables des projets collectifs pour l’Atelier Europe

Arte pour réunifier Chypre ?

Logo-Chypre-12Nicosie. Dernière ville divisée d’Europe, où le rouge oriental et le bleu de la Méditerranée se font face, notamment au travers des drapeaux nationaux présents sur tous les édifices religieux. Entre frontières urbaines et frontières du dédain, c’est non sans une certaine curiosité que notre petit groupe de l’Atelier s’est immiscé dans le dédale des rues de Nicosie, a traversé les check points de la ville pour aller dans ce qui nous apparait un peu comme un endroit interdit, puisque non reconnu internationalement, la République turque de Chypre du Nord. Pour notre génération qui vit quasiment dans un monde fini aux limites connues, la mondialisation et les moyens de transport ayant estompé les frontières, nous retrouver dans Nicosie à contourner les îlots grecs et turcs ne s’est pas fait sans une certaine émotion, teintée de mystère. Une certaine excitation aussi s’est emparée de nous lorsque nous avons foulé le tarmac de l’aéroport de Nicosie et vu la dernière carlingue qui n’a jamais pu décoller. Ce site abandonné, avec en arrière plan un paysage montagneux représentatif de la partie Nord de l’île et dont certains flancs montrent fièrement le drapeau de la République turque de Chypre du Nord, a planté le décor dès le début de notre voyage, puisque nous avons commencé notre série d’entretiens à la mission de l’ONU.
Aéroport de Nicosie en buffer zone depuis 1974

Huit ans après son adhésion à l’Union européenne, l’île prend la présidence du Conseil de l’UE, sachant que celle-ci ne pouvait avoir que des ambitions limitées s’agissant d’un pays de taille réduite et membre récent de l’Union. Chypre a souhaité également que la question de la partition de l’île n’entre pas en ligne de compte dans la gestion de sa Présidence. Si interférence du conflit il y a eu, c’est d’abord en raison des manœuvres de la Turquie qui a boycotté toutes les réunions de la Présidence. Notre voyage d’études avait comme objectif de comprendre la sensibilité locale aux questions européennes et de sonder comment ce pays vit sa Présidence au quotidien. Compte-tenu du contexte particulier de ce pays, le cadre de nos discussions a évidemment dépassé le cadre européen pour essayer de comprendre, d’une part, les ressorts du conflit chypriote et, d’autre part, de faire un point sur l’état des négociations, dans une île où le nationalisme et le ressentiment guident en partie le regard que l’on porte sur une communauté donnée. Ici, les identités, forcément complexes du fait de la succession de présences étrangères, des Phéniciens aux Poitevins, se définissent en premier lieu par opposition (on se définit comme Grec, Chypriote grec, Turc ou Chypriote turc, selon la personne que l’on a en face). Cette identité situationnelle, très intime, empêche l’émergence d’une culture de la réconciliation. En même temps, le caractère européen du territoire en présence, permet aussi de réfléchir à un lien plus symbolique qui permettrait à terme de sortir de l’impasse dans laquelle l’île est aujourd’hui. L’ONU ayant montré ses limites dans l’avancée des négociations, l’UE a sûrement un rôle et c’est même son devoir, Chypre étant un membre de l’UE, la question chypriote touchant à beaucoup de sujets comme l’intégration de la Turquie dans l’UE, la défense, l’OTAN, etc.-, de jouer sa carte unificatrice et intégratrice, voire même pacifiste alors même qu’elle est auréolée depuis peu du Prix Nobel de la paix.
Buffer Zone UNFICYP Ledra Street NicosieCe serait aussi un message fort à donner à tous ses détracteurs qui lui contestent ce Nobel. Contribuer à régler un conflit quasi gelé montrerait qu’au-delà des grandes idées et valeurs européennes, l’UE peut faire avancer concrètement les choses. En d’autres termes, l’idée d’un futur commun (pour le moment l’acquis communautaire ne s’applique pas à la partie Nord) que peut représenter l’horizon européen pourrait permettre de sortir de cette impasse identitaire « fossilisante ».

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Les perspectives gazières à Chypre

Logo-Chypre-121- Les ressources gazières du Levant ont été réévaluées au cours des dernières années

Le bassin du Levant a fait l’objet d’un regain d’intérêt dans les années 2000, notamment grâce aux progrès de l’imagerie sismique.

Une réévaluation du bassin a ainsi été réalisée en 2010 par l’US Geological Survey (USGS), en s’appuyant sur les données géologiques récentes et les résultats de l’exploration pétrolière. Ce bassin, à la fois onshore et offshore, couvre une superficie de 83 000 km2 (la moitié du bassin parisien). Selon l’USGS, les ressources récupérables (*) avec une probabilité de 95% seraient de 483 millions de barils (Mb) de pétrole (+1 226 Mb de liquides de gaz naturel) et de 1 400 milliards de m3 (Gm3) de gaz (**).

Parallèlement, plusieurs découvertes importantes ont été faites au large d’Israël par des consortiums menés par l’américain Noble Energy. Il s’agit essentiellement des champs de Tamar, découvert en 2009, dont les réserves prouvées sont évaluées à 190 Gm3, et du champ de Leviathan, découvert en 2010, dont les réserves sont estimées à 450 Gm3.

2- La situation de Chypre

Chypre se situe à proximité de trois bassins sédimentaires : le bassin du Levant, le bassin du Delta du Nil et le bassin d'Hérodote. Les réserves ultimes du premier bassin s'élèveraient selon l'USGS à 1,7 milliard de barils de brut et 3 400 millards m3 de gaz, celles du deuxième à également 1,7 milliard de barils de brut  et 6 200 milliards m3 de gaz. Pour le troisième, situé au sud-ouest de Chypre, aucune donné n'est encore disponible.

En 2006, la société norvégienne PGS (Petroleum Geo-Services) a collecté des données au large de Chypre. Ces données ont été interprétées par Beicip-Franlab, d'où il ressort que 14 zones pourraient détenir des hydrocarbures par environ 2500 mètres de profondeur.


Un premier appel d'offres a été lancé en février 2007, dans le cadre duquel la société américaine Noble Energy s'est vue attribuer une licence d'exploration sur le bloc 12 (unique bloc à avoir été attribué). Les premiers forages d'exploration ont eu lieu en septembre 2011 et Noble Energy a annoncé en décembre dernier la découverte du gisement Aphrodite, dont les réserves pourraient atteindre 200 Mrds m3. Il s'agirait d'un gaz d'excellente qualité.

Un second appel d'offres a été lancé en février dernier. La date limite de dépôt des offres avait été fixée au 11 mai, les autorités chypriotes s'étant données six mois pour étudier les différentes offres. Le cadre contractuel offert par Chypre aux soumissionnaires est plutôt attractif : il s'agit d'accords de partage de production. Les licences d'exploration sont d'une durée maximale de sept ans. Les éventuelles licences d'exploitation porteront sur une période de 25 ans, renouvelable pour 10 ans.

Si l'ampleur des premières découvertes était confirmé et suivi d'autres succès, les réserves chypriotes excéderaient de loin les besoins du pays : ce dernier se retrouverait ainsi en position de pays exportateur, susceptible de contribuer à l'approvisionnement du reste de l'Europe. Chypre envisage de créer d'ici à la fin de l'année une société pétro-gazière nationale.

3- Un potentiel de production important, qui permettra d’abord de satisfaire l’augmentation de la demande locale

À l’heure actuelle, Chypre ne consomme pas de gaz. Les forages sur le bloc 12 ont commencé en septembre 2011 avec un début d’exploitation qui pourrait intervenir en 2018-2019 si les résultats sont positifs.

Chypre étudie la possibilité de se doter d’un terminal de regazéification (qui pourrait le cas échéant être reconverti en terminal de liquéfaction ultérieurement) en vue d’assurer son approvisionnement d’ici le lancement de la production domestique de gaz.

Dans une perspective de plus long terme (2020 au plus tôt), se pose la question de l'exportation de la future production gazière chypriote. La solution la plus rentable sur le plan économique serait un raccordement au réseau gazier turc. Cette solution étant pour le moment bloquée en raison du conflit turco-chypriote (voir plus bas), la construction d'un gazoduc jusqu'à la côte grecque – solution a priori complexe et donc coûteuse – est envisagée. La dernière option serait la construction à Chypre d’un terminal GNL de liquéfaction, qui servirait à la fois à exporter du gaz de Chypre et d’Israël. Cette solution a été proposée en janvier dernier par l’israélien Delek Energy group. Ces réflexions, qui sont légitimées par la taille des gisements de Tamar et Leviathan (dont la production estimée pourrait à terme atteindre 30 Gm3, soit 6 fois la demande israélienne actuelle), sont actuellement à un stade très préliminaire.

4- La délimitation des espaces maritimes de la région est toutefois génératrice de tensions

Les premiers forages d'exploration au large de Chypre ont fait l'objet de vives protestations de la part de la Turquie, qui ne reconnaît pas la République de Chypre.

L’exploitation des réserves d’hydrocarbures offshore en Méditerranée orientale pose plus généralement le problème de la délimitation des frontières maritimes, dans un contexte de tensions diplomatiques entre les différents pays de la région.

Le différend porte sur la définition des zones économiques exclusives (ZEE) qui, selon le droit international, doivent être définies par des traités entre pays voisins. L’état des discussions est le suivant :

Chypre a conclu avec l'Égypte un premier accord de délimitation de ZEE dès février 2003. L'accord de janvier 2007 délimitant les eaux territoriales de Chypre et du Liban (ratifié par Chypre, mais non le Liban) a été contesté par la Turquie au motif qu'il portait sur l'ensemble de l'île de Chypre (***). Israël et Chypre ont signé un accord en décembre 2010, qui n’est pas encore ratifié.

Le principal désaccord porte sur la délimitation de la zone économique exclusive de Chypre, qui est contestée par la Turquie, au motif notamment qu’elle porte sur l’ensemble de l’île de Chypre ; la Turquie a récemment qualifié le début des forages au large de Chypre de « provocation ».

Les compagnies gazières pourraient se montrer réticentes à investir en l’absence d’un cadre juridique sûr pour leur activité. À ce jour, les entreprises présentes dans la zone sont plutôt des acteurs de taille modeste (Noble, Delek, …). Total n’exclut toutefois pas de répondre aux appels d’offres à venir.


Annexes:

Principaux champs gaziers au stade de l’exploration ou de l’exploitation dans la zone


Cartes - Les perspectives gazières à Chypre

* : Volumes techniquement récupérables, sans prise en compte des contraintes économiques.
** : A titre de comparaison, les réserves prouvées de la Norvège sont de 2 000 Gm3.
*** : La partie grecque de l’île est membre de l’UE depuis mai 2004 et la république turque du nord de Chypre (RTCN), créée suite à l’intervention de l’armée turque en 1974, est reconnue par la seule Turquie. Le 19 septembre dernier, celle-ci a vivement réagi aux projets chypriotes d’exploration de gaz et de pétrole en coordination avec Israël et a décidé le 26 septembre d’entamer des explorations, après un accord avec la RTCN.