Complexe (d’infériorité?) allemand

Le succès économique de l’Allemagne, la baisse récente du chômage outre-Rhin en atteste, surtout relativement à ses partenaires européens, suscite la crainte d’un nouveau pangermanisme. Les déclarations récentes du très arrogant Guido Westervelle n’ont rien arrangé à l’affaire. A l’instar de sa capitale, la RFA est désormais une nation décomplexée, ouverte sur le monde et bien décidée à promouvoir son modèle économique et social. Il est malvenu, si ce n’est malsain, de s’en plaindre.

La construction européenne a historiquement permis de dépasser cette infantilisation mortifère qui conduisait à toujours prêter les pires intentions à nos voisins, nos villages portant les stigmates de la folie criminelle du nationalisme. La résurgence de partis populistes réactualise ce discours sur l’Autre, forcément diabolique, et il est de notre devoir d’Européen de s’en garder et, au contraire, de porter un regard mature sur nos voisins, sans arrières pensées destructrices.

L’Europe fonctionne ensuite comme un levier permettant à tous ses membres d’accéder aux meilleures pratiques, soit le fameux « benchmarking ». Or, l’Allemagne étant le bon élève économique de l’Europe, il est évident qu’elle sert de modèle dans ce domaine, et ce alors que le modèle social allemand est sans doute la forme continentale la plus aboutie. Il ne s’agit certes pas d’uniformiser, à l’intérieur même des Etats membres les disparités sont fortes, mais d’encourager à la mise en œuvre des meilleures pratiques afin, précisément, de fortifier le consensus social.

L’Allemagne n’est évidemment pas exempte de critique et elle ne doit pas oublier que la majorité de ses échanges sont réalisées en Europe, mais il est absurde de lui reprocher sa performance économique du fait d’efforts que nous n’avons pas su ou voulu réaliser. Prenons-en de la graine!

JC

Voyage d’études à Bruxelles

Logo_Belgique Après Prague, Stockholm et Madrid, l’Atelier Europe est à Bruxelles pour dialoguer avec des personnalités impliquées dans les affaires européennes et dresser un portrait d'une présidence particulière, celle d'un pays bloqué politiquement mais où sont regroupées les institutions communautaires.

Programme des rencontres:
Richard Corbett, Conseiller auprès d'Herman Van Rompuy, Président du Conseil européen
Gilles Bertrand, Conseiller Méditerranée auprès de Štefan Füle, Commissaire européen à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage
Guiseppe Conte, Conseiller auprès de Neelie Kroes, Commissaire européen à la stratégie numérique
Jean Pisani-Ferry, Directeur de Bruegel
Marek Evision, Conseiller spécial auprès de Jerzy Buzek, Président du Parlement européen
Fabian Zuleeg, Chef économiste à l'European Policy Centre
Romain Bonenfant, conseiller télécommunication à la Représentation permanenente de la France auprès de l'Union Européenne

L’Espagne, fille reconnaissante de l’Europe

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Venir à Madrid est toujours douloureux. Non pas par le fait d'y séjourner mais par le regret qui saisit le voyageur au moment du départ. Si l'Europe récompensait la capitale de la félicité, Madrid trouverait-elle son égal? Toutefois, si l'Atelier Europe s'est rendu dans la capitale de la Castille, du 22 au 25 avril 2010, ce n'est pas pour y jouir de ses nombreux charmes, quoique notre délégation y a cédé goulûment, mais en raison de la Présidence espagnole de l'Union européenne ("UE"), plus précisément du Conseil des Ministres puisque le Conseil européen a désormais son leader, soit Herman Van Rompuy.

La relation de l'Espagne à l'UE est, à l'image de ses habitants, passionnée. Pourtant, si l'on considère ses représentations mentales, l'UE ne s'impose pas de facto comme l'espace naturel de l'Espagne. Notre premier entretien, avec un haut responsable du Ministère des Affaires étrangères, n'a pas laissé place au doute; l'Espagne se projette avant tout dans son espace linguistique, né de l'histoire coloniale. La relation à l'Amérique latine est cruciale pour l'Espagne, non seulement au plan culturel, mais également économique alors que le rivage atlantique offre à ses entreprises des débouchés gigantesques. Telefonica, Banco Santander et bien d'autres sociétés de l'Ibex 35, y réalisent d'importants bénéfices, malgré la conjoncture défavorable. En retour, les flux migratoires, phénomène inédit pour l'Espagne contemporaine, sont constitués massivement de Latino américains.

La seconde carte mentale de l'Espagne, c'est son espace géographique naturel, soit la Méditerranée. Le Royaume y puise manifestement une bonne partie de son identité, que ce soit en termes de mode de vie, de ressource, soit le tourisme, d'histoire et de culture, dont le style arabo andalou. Madrid est très attentive aux relations Euro méditerranéennes comme l'atteste son soutien constant, et longtemps solitaire, au processus de Barcelone.

Toutefois, malgré ces centres d'intérêts naturels, nous avons trouvé en l'Espagne, enfin, un État membre enthousiaste. Pour l'Ibère, l'Europe c'est le Nord, géographique, évidemment, mais aussi culturel. On ne comprend pas l'Espagne si l'on ne mesure pas le poids, dans l'inconscient collectif, de la "reconquista", soit la lutte contre l'ennemi méridional. Sept siècles d'occupation par les Maures ont marqué durablement la mentalité espagnole et sa volonté d'ancrage dans cet espace de développement et de liberté que constitue l'ensemble européen.

Cette inclinaison vers l'horizon septentrional ne se comprend pas simplement par l'histoire ancienne. Les évènements contemporains concourent largement à cet européisme, et ce essentiellement par la conjonction de deux facteurs. L'entrée de l'Espagne, en 1986, intervient dans cette période d'euphorie, la "movida" dont les créations d'Almodovar en sont l'expression la plus connue au-deçà des Pyrénées, qui suit la fin de la dictature. Le décès du Caudillo, en 1975, avait laissé l'Espagne face à une destinée incertaine malgré la constitution de 1978 instaurant une monarchie parlementaire. Ainsi, en 1981, la tentative de coup d'État, en pleine séance des Cortes, d'un lieutenant colonel d'opérette, Antonio Tejero, démontre alors la fragilité du processus démocratique, si ce n'était la remarquable intransigeance du Roi, Juan Carlos. Après l'entrée dans l'UE, une restauration franquiste apparaît impossible et le nouvel État membre y gagne donc la consolidation de sa jeune démocratie.

Le second facteur principal expliquant l'européisme local est la croissance économique. A la mort de Franco, l'Espagne est toujours un pays pauvre. Excentrée en Europe, loin de la "banane bleue" de Londres à Milan, via Paris et Francfort, elle a connu avec retard, et de façon partielle, la révolution industrielle. Grâce aux fonds communautaires et à son dynamisme propre, l'Espagne va connaître à partir des années 1980 un rapide rattrapage économique. Les Espagnols associent donc étroitement leur enrichissement récent à l'entrée dans l'UE. Par ailleurs, contrairement à certains pays, ils ont l'élégance de la gratitude à l'endroit du projet européen. Ainsi, en 2005, plus des deux tiers des Espagnols ont approuvé le projet de traité constitutionnel! Comme on nous l'a exprimé, en Espagne, la situation est simple: l'Europe fait plus que le consensus, elle fait l'unanimité des expressions politiques.

Au terme de notre séjour d'études, nous avons donc apprécié de voir en l'Espagne un État membre enthousiaste de l'UE. Certes, la conjoncture s'est fortement dégradée, l'économie espagnole, centrée sur la construction immobilière, étant particulièrement frappée par la crise. Dès lors, l'euphorie initiale n'est plus de saison et sans doute que les Espagnols observent l'UE avec plus de distance, d'autant que le centre de celle-ci s'est déplacé vers l'Est. Néanmoins, qu'il est doux de constater que l'UE détient en l'Espagne un soutien farouche et prompt à s'inscrire dans une destinée commune quand bien d'autres cèdent aux forces centrifuges qui menacent le projet européen.

Cette note est la première d'une série qui va se poursuivre tout au long de la semaine sur le voyage d'études de l'Atelier Europe en Espagne.

Consultation publique sur l’initiative citoyenne européenne: la contribution de l’Atelier Europe

La Commission a lancé une consultation publique sur la mise en œuvre de l'initiative citoyenne prévue par le Traité de Lisbonne. Cette disposition permettra aux citoyens européens de soumettre au Collège des Commissaires des propositions de règlementation. C'est une opportunité historique pour que les citoyens prennent en main leur destin européen.
L'Atelier Europe s'engage dans le débat en soumettant la contribution que vous pouvez télécharger ici.

Un nouveau partenariat pour célébrer l’anniversaire de l’Atelier

En septembre dernier, l’Atelier Europe a fêté ses quatre ans.

Atelier_2009 Depuis sa création en 2005, les projets, les idées, les conférences, les rédactions, les rencontres, ont rythmé la vie de l’Atelier, avec des succès et parfois des échecs, inhérents à toute organisation de petite envergure composée de bénévoles. Entre ces désillusions et la satisfaction de voir notre projet initial s’épanouir, jamais notre enthousiasme ne s’est pourtant tari. Dans notre mission citoyenne de faire participer les sociétés civiles au grand projet d’intégration européenne, les défis ne manquent pas, tant les incertitudes, les blocages et les enjeux sont grands, pour faire de l’Europe un ensemble compétitif, écouté et respecté sur la scène mondiale, capable de défendre ses valeurs et de faire avancer les grands dossiers internationaux.

L’an dernier, l’Atelier Europe se restructurait et un nouveau Président à Bruxelles a été choisi, symbole de notre volonté de sortir du cadre franco-français dans le débat. Aujourd’hui, après quatre ans d’existence, nous sommes très fiers de vous annoncer le partenariat que nous venons de nouer avec le CEPS, le Centre d’Etude et de Prospective Stratégique, basé à Bruxelles, dont la mission est également d’« animer des instances de concertation permettant de répondre de manière innovante, concrète et cohérente » aux grands enjeux mondiaux. Nous sommes ravis de cette avancée. L’un des grands chantiers du CEPS pour l’année 2009 s’intitule « Ne loupez pas l’Europe ». Tout comme notre Atelier, le CEPS souhaite rendre la « légitimité démocratique à l’Europe en construisant l’Europe des peuples ». Cette Europe ouverte, démocratique, innovante, forte, solidaire, c’est aussi la vôtre.  Merci à tous ceux et à toutes celles qui nous font confiance et qui participent, de près, ou de loin, aux travaux de l’Atelier.